mercredi 17 avril 2013

On est en cris(s)e

par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets

Danny Soucy, Ministre de l'éducation postsecondaire
Hier, le ministre de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail, Danny Soucy, était de passage à Moncton et s’est arrêté à Taillon pour une brève rencontre avec le Recteur et le président de la FÉÉCUM.

Le but, du moins du côté étudiant, était d’amoindrir l’impact des hausses prévues des droits de scolarité pour l’automne 2013. Pour ce faire, la FÉÉCUM était arrivée sur les lieux armée de chiffres et de pistes de réflexion, à la fois pour le ministre et pour le recteur, afin de travailler ensemble à l’amélioration de la situation.

Leur réflexion était déjà faite. Elle date du dépôt du budget.

Cependant, le ministre se réjouissait d’annoncer aux médias, en sortant de la réunion, qu’on aura d’ici juin une entente pluriannuelle de financement des universités (Radio-Canada). Le recteur s’en réjouit, car une telle entente permettra aux universités de planifier à long terme leurs opérations, en étant assurés du montant et de l’évolution du financement qui leur sera octroyé.

Ils ont fait ça en Nouvelle-Écosse. Demandez-leur ce qu’ils en pensent.

Il y a quatre ans, le gouvernement Dexter a annoncé qu’il établissait une formule pluriannuelle de financement des universités. Depuis, les institutions de la province ont perdu 10% de leur financement (Chronicle-Herald):  l’augmentation du financement ne compense pas l’inflation des coûts universitaires. Dans un premier temps (2008-2011), la province a imposé un gel des frais de scolarité de trois ans, financé en partie par une augmentation des octrois aux universités, et dans un deuxième temps (2012-2015) elle impose un plafond de 3% à l’augmentation des droits de scolarité, en coupant 4%, puis 3% et un autre 3% du financement aux universités en trois ans (Students NS).

On «donne» d’une main, on enlève de l’autre.

Entre temps, les universités ont déjà accumulé une dette en fonction d’un gel sous-financé des droits de scolarité, et sont ensuite confrontées à un plafond de l’augmentation (déjà pas super pour les étudiants, et très difficile pour les universités) assorti d’une baisse du financement…

Si j’étais dans le fauteuil de M. Théberge, je ne sourirais certainement pas autant en entendant les promesses de M. Soucy. Mais je ne suis pas dans le secret des dieux et j’ignore les détails de l’entente. Sait-on jamais ?

Parlons maintenant des deux autres annonces qu’a faites le ministre après la rencontre d’hier.

Sans donner de détails, M. Soucy a annoncé une révision des programmes d’aide aux étudiants, jugés – par lui et par nous – inefficaces. On est donc en droit de s’attendre à un remaniement important – voire à la disparition – du Programme de rabais sur les droits de scolarité (PRDS) et le Programme de prestations pour l’achèvement des études dans le délai prévu (PPAÉ), dans un avenir rapproché.

On a déjà remarqué une bonification de 20M$ à l’aide financière dans le dernier budget du gouvernement (GNB), ce qui laisse supposer que les fonds utilisés pour le PPAÉ (13,0 M$ en 2011) et le PRDS (7,3 M$ en 2011) seront en effet réinvestis dans ce nouveau programme dont parle le ministre. Tout ce qu’on espère, c’est qu’il saura aider ceux et celles qui ont besoin, quand ce besoin se fait le plus durement sentir. Et, bien entendu, qu’on ne perdra pas d’acquis importants dans le processus.

Troisièmement, le ministre Soucy a annoncé qu’il prévoit dévoiler «une politique à long terme sur les droits de scolarité»… Et là, je vous l’avoue sincèrement, je ne sais aucunement à quoi nous devrions nous attendre. Un plafond d’augmentation pluriannuel ? Comme en Nouvelle-Écosse ?

On doit encore attendre pour l’instant, mais demeurons vigilant dans les prochaines semaines. Je vous dit cela, mais en vérité, et la réunion d’hier nous l’a bien montré, on nous consulte plus par politesse que pour tenir compte de nos besoins et de nos idées. L’impression qui s’en dégage est que les décisions sont déjà prises par les «grands», qui daignent venir nous en informer ; et ils ne sont pas ouverts à reculer sur leurs positions.

Remarquez, je suis peut-être devenu cynique.

On vous garde au courant de la situation.

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