lundi 27 juin 2011

FÉÉCUM-TV présente... Capitaine Fleur-de-Lys à la St-Jean

Un petit quelque chose qu'on s'est amusé à faire lors de la St-Jean-Baptiste sur une heure de dîner...

Capitaine Fleur-de-Lys sera peut-être de retour pour le 15 août!

mercredi 22 juin 2011

L'éducation, encore une priorité du gouvernement Alward?

Une mise à jour sur les compressions budgétaires demandées aux districts scolaires par le gouvernement du Nouveau-Brunswick.Lundi dernier, un groupe de parents a convoqué les médias à une conférence de presse afin de dénoncer publiquement les compressions budgétaires demandées par le gouvernement de David Alward aux 14 districts scolaires du Nouveau-Brunswick (les districts scolaires s'occupent de la gestion des écoles primaires et des écoles secondaires de la province). Selon ce groupe, des compressions budgétaires dans le milieu de l'éducation sont inacceptables et mettent en péril l'éducation de leurs enfants. En raison de l'abondance d'information qui existe présentement sur le sujet, notamment parce que le dossier jouit, depuis quelque temps, d'une importante couverture médiatique nous avons cru bon de vous faire une petite mise à jour.

Au mois de janvier 2011, le premier ministre David Alward a affirmé que son gouvernement allait effectuer des compressions budgétaires dans tous ses ministères (de l'ordre de 2% chaque année pour une période de trois ans), et ce, sans tenir compte des obligations de chacun des ministères et des conséquences qui pourraient en découler. Plusieurs ont caractérisé cette initiative comme étant un exercice comptable «paresseux» étant donné qu'il est facile de comprendre qu'une compression de 2% au ministère de l'éducation (ou même au ministère de la santé) n'a pas les mêmes conséquences qu'une compression de 2% au ministère de la justice par exemple. Malgré tout, le gouvernement continue de croire qu'il est possible de faire des compressions sans que celles-ci touchent les salles de classe.

Tous les districts scolaires (les districts francophones comme les districts anglophones) doivent faire des compressions budgétaires, et ce, même si les écoles francophones sont uniques puisqu'elles ont deux mandats, soit de garantir une éducation de qualité et de contribuer activement au développement identitaire des élèves. Selon la Constitution du Canada, les provinces doivent financer adéquatement les écoles francophones afin qu'elles puissent respecter leur double mandat. D'autres provinces, comme la Nouvelle-Écosse, par exemple, ont déjà compris qu'ils ne devaient pas imposer des compressions aux écoles francophones puisqu'effectuer des compressions allait affaiblir la capacité des écoles de répondre aux deux mandats à la fois, tandis qu'en Saskatchewan, une poursuite judiciaire entamée par les parents a empêché le gouvernement d'effectuer des compressions budgétaires. Pourtant, le gouvernement du Nouveau-Brunswick ne comprend pas et le District scolaire 01 refuse encore de se plier aux demandes du gouvernement en arguant que les compressions auront des conséquences sur l'enseignement. Pour y arriver, le district affirme qu'il devra supprimer 10 postes d'enseignantes et d'enseignants ou bien supprimer 45 postes d'assistantes et d'assistants à l'enseignement.

Le District scolaire 01 est dans une situation unique ce qui ne lui permet pas, selon son président Ernest Thibodeau, de faire des compressions à son budget. Assurant la gestion des écoles francophones des régions de Moncton, de Fredericton et de Saint-Jean, le District scolaire 01 est le seul district qui a une croissance régulière de sa population étudiante chaque année (en fait, entre 2003 et 2010, la population étudiante du District a augmenté de 16,86%). Puisque le financement qu'accorde le gouvernement est toujours basé sur la population étudiante de l'année précédente, le District scolaire 01 est constamment dans une situation de sous-financement par rapport aux autres districts. Monsieur Thibodeau explique bien la décision du district en affirmant que : «La croissance des effectifs scolaires, le vaste territoire, le manque de financement en adaptation scolaire, les services de francisation, l'entretien des bâtiments vieillissants, l'accueil des élèves nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes, de même que les besoins afin de favoriser un milieu propice à l'apprentissage pour tous les élèves font partie des réalités et des défis du District scolaire 01 qui viennent expliquer la décision du Conseil d'éducation [...]».

Malgré la réticence du District scolaire 01 (et l'adoption d'un budget déficitaire contre l'avis du ministre de l'éducation, Jody Carr), le ministre de l'éducation demeure convaincu qu'il est possible de réaliser des économies dans le milieu de l'éducation. Pour le ministre, les 13 autres districts scolaires de la province qui ont accepté de procéder à des compressions budgétaires prouvent qu'il est possible d'effectuer des compressions dans toucher à l'enseignement et aux salles de classe. Pourtant, même si 13 des 14 districts ont accepté de procéder à des compressions budgétaires pour la prochaine année (et, parfois, à crève-coeur comme ce fut le cas au District scolaire 11), plusieurs districts francophones (et plusieurs districts anglophones) ont fait savoir au ministre qu'ils avaient réussi à faire des compressions cette année, mais qu'ils n'arriveraient pas à réduire leurs dépenses pour une deuxième année consécutive (notamment le District scolaire 02 qui a dit récemment qu'il aurait de la difficulté à y arriver sans couper dans l'appui à la réussite).

Entretemps, les Comités parentaux d'appui à l'enseignement de plusieurs écoles se sont unis et ont préparé un plan de match. Une qui a circulé dans toutes les écoles francophones de la province a réussi à amasser, dans quelques semaines seulement, près de 5000 signatures. Ce même groupe de parents a créé un groupe Facebook (Non aux coupures en éducation!) qui a réussi à attirer près de 1200 membres. En plus de la mobilisation des parents, la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, lors de son assemblée générale annuelle les 4 et 5 juin derniers, a donné son appui à une éventuelle poursuite judiciaire. Le mouvement prend de l'ampleur et seul l'avenir nous dira si le gouvernement comprend le message que tentent de leur communiquer les citoyennes et les citoyens de la province.

En tant qu'organisme de la société civile acadienne voué à la promotion de l'éducation ainsi qu'à la promotion du français, la FÉÉCUM appuie les revendications des parents et des autres organismes de la société civile qui militent en faveur d'un financement adéquat de l'éducation du Nouveau-Brunswick. Nous abondons dans le même sens que Réjean LeBlanc qui affirmait, dans les pages de l'Acadie Nouvelle, que «Nous sommes très conscients de la réalité économique de la province et nous comprenons que le gouvernement a des choix difficiles à faire. Cependant, il nous apparaît évident que de réduire les budgets en éducation ne servira pas à notre développement économique à long terme. L'éducation n'est pas une dépense, c'est un investissement!». Pourtant, le Parti conservateur du Nouveau-Brunswick semblait être du même avis pendant les élections...

mercredi 15 juin 2011

Salaire minimum à deux paliers : Discrimination par l'âge

Lettre adressée à la Ministre de l'éducation postsecondaire, de la formation et du travail, Mme Martine Coulombe :

Madame la ministre,

Par la présente, la Fédération des étudiants et des étudiantes du Centre universitaire de Moncton (la FÉÉCUM) désire vous partager ses préoccupations, ses inquiétudes et son désaccord vis-à-vis la mise en place possible d’un salaire minimum à deux paliers pour les travailleuses et les travailleurs du Nouveau-Brunswick. Nous savons que cette idée ne date pas d’hier et qu’elle a été véhiculée par un certain nombre de citoyennes et de citoyens au cours des consultations pré-budgétaires du ministre des finances, Blaine Higgs. Nous désirons, par cette lettre, vous rappeler que plusieurs citoyennes et plusieurs citoyens ont aussi exprimé leur désaccord profond à l’égard de cette idée. Les étudiantes et les étudiants de l’Université de Moncton sont de ce groupe.

Nous avions été soulagés d’apprendre que l’idée d’un salaire minimum à deux paliers n’avait pas réussi à faire son chemin dans le premier budget de votre gouvernement. Cependant, nous avons été surpris d’apprendre, grâce aux médias qui en ont fait un sujet d’actualité, que votre gouvernement étudie présentement la question à nouveau. Nous jugeons que l’adoption d’une telle politique n’irait pas dans le sens des intérêts de notre province d’un point de vue économique, mais aussi d’un point de vue sociétal. Il ne s’agit pas d’un moyen efficace de réduire les dépenses, et la mise en place d’un salaire minimum à deux paliers aura des conséquences importantes sur les jeunes qui seront, selon nous, les plus touchés si le gouvernement allait de l’avant avec l’idée.

Nous ne pensons ne rien vous apprendre quand nous affirmons que l’apport des jeunes travailleuses et des jeunes travailleurs est important pour l’économie de la province. Les jeunes d’aujourd’hui seront appelés à renouveler la main d’œuvre vieillissante et il est essentiel que le gouvernement crée des conditions de travail avantageuses, et ce, afin d’inciter cette population à rester chez nous après leurs études. Si cette population ne voit pas d’avantage à demeurer au Nouveau-Brunswick pour y travailler, elle sera incitée à déménager et faire, par la force des choses, prospérer l’économie d’une autre province.

Nous sommes d’avis que les trois solutions explorées à l’heure actuelle ne feraient que désavantager cette population dont le Nouveau-Brunswick a besoin pour renouveler son économie. Même si certaines propositions semblent peu radicales, elles touchent toutes d’une façon ou d’une autre et à différents degrés, les jeunes entre 16 et 24 ans. Selon des données publiées en 2004 par Statistique Canada, plus de 55% de la population qui se fait rémunérer au salaire minimum se trouve dans cette tranche d’âge et près de 45% de cette population est constituée d’étudiantes et d’étudiants qui cherchent à financer leurs études. Voici notre analyse de chacune des trois voies étudiées et des conséquences qu’elles pourraient avoir :

Un salaire minimum inférieur pour les travailleuses et pour les travailleurs de moins de 18 ans : Même si les jeunes qui ont entre 16 et 18 ans sont, en général, logés, nourris et vêtus par leurs parents et n’ont pas d’aussi grands besoins financiers que les travailleuses et les travailleurs de plus de 18, nous pensons qu’instaurer un palier de salaire minimum qui leur est spécifique va à l’encontre du principe de non discrimination de la Charte canadienne des droits et libertés. Dans cette optique, nous comprenons mal comment le travail d’une personne qui a moins de 18 ans (à même compétence et à même expérience) n’a pas la même valeur que celui d’une personne qui a plus de 18 ans. Puisque les étudiantes et les étudiants ne peuvent pas payer leurs études uniquement grâce à l’aide du programme de prêt du Nouveau-Brunswick, nous avons été surpris d’apprendre que votre gouvernement étudie sérieusement la possibilité de diminuer le salaire minimum des personnes qui se trouvent dans cette tranche d’âge. Plusieurs commencent dès un jeune âge à épargner de l’argent pour pouvoir fréquenter une institution d’éducation postsecondaire dans un avenir rapproché et il serait contreproductif de leur couper des vives nécessaires. Une telle mesure n’est pas seulement de la discrimination basée sur l’âge, mais risque aussi de réduire davantage l’accessibilité aux études postsecondaires dans la province (voire même augmenter le fardeau financier du gouvernement).

Un salaire minimum inférieur pour les travailleuses et pour les travailleurs en formation : Les travailleuses et les travailleurs qui pourraient subir les conséquences de cette initiative sont, en grande partie, des jeunes en début de carrière qui ont moins de 24 ans. Dans le fond, le salaire minimum actuel est déjà interprété comme étant le salaire de base à partir duquel une travailleuse ou un travailleur obtient des promotions (c’est-à-dire le salaire que l’on donne à une employée ou à un employé durant sa période de formation). Nous craignons, plus que tout, les diverses interprétations possibles du mot « formation ». Est-ce que les étudiantes et les étudiants en stage devront subir les conséquences d’un palier de salaire minimum pour les travailleuses et les travailleurs en formation ? Combien d’heures devront travailler des employés en formation avant d’avoir droit à un salaire jugé raisonnable pour les autres ? En plus, certains employeurs en profiteront peut-être pour faire des économies malhonnêtes. Est-ce que les employeurs seront tentés de garder le plus grand nombre d’employées et d’employés « en formation » pour faire des économies ?

Un salaire minimum inférieur pour les travailleuses et pour les travailleurs des établissements qui servent de l’alcool : Nous convenons que les travailleuses et les travailleurs des établissements licenciés cumulent, en plus d’un salaire de base, un surplus grâce aux pourboires laissés par les clientes et les clients. Cependant, mettre en place un palier de salaire minimum différent pour ces travailleuses et pour ces travailleurs revient à prendre pour acquis que les clientes et les clients donnent des pourboires généreux (voire qu’ils en laissent toujours). Nous pensons que les pourboires varient grandement selon la localisation de l’établissement et selon le type d’établissement. Aller de l’avant avec un palier de salaire minimum différent pourrait, en fait, créer des situations d’inégalités. Comme c’est le cas pour les autres initiatives proposées, si celle-ci est mise en place, elle toucherait majoritairement la population âgée de 19 à 24 ans, et la population étudiante en particulier. Nous ne pensons ne rien vous apprendre quand nous affirmons que la réalité d’aujourd’hui veut que les étudiantes et les étudiants travaillent pour arriver à payer leurs études postsecondaires. Réduire le salaire minimum de ces travailleuses et de ces travailleurs (qui sont souvent aux études) viendrait mettre en péril leur capacité de payer leurs droits de scolarité.

Somme toute, imposer un salaire minimum inférieur aux travailleuses et travailleurs de moins de 18 ans ou aux travailleuses et travailleurs en formation ou même aux travailleuses et travailleurs des établissements qui servent de l’alcool, ne va pas dans le sens des intérêts du Nouveau-Brunswick et, de toute évidence, ne va pas dans le sens des intérêts des jeunes (notamment des étudiantes et des étudiants). Dans les trois cas, nous sommes d’avis que cette initiative est de la discrimination basée sur l’âge puisque les trois initiatives touchent largement les jeunes de 16 ans à 24 ans. Nous sommes convaincus du fait que comme société, le Nouveau-Brunswick ne devrait pas tolérer la discrimination dans les lieux de travail. Dans cette optique, il serait seulement logique pour le gouvernement de rejeter les trois initiatives qui sont présentement à l’étude.

Dans l’espérance que vous comprendrez pourquoi la FÉÉCUM s’oppose à tout projet de mise en place d’un salaire minimum à deux paliers, veuillez, Madame la ministre, agréer nos plus sincères salutations.

Ghislain LeBlanc
Président de la FÉÉCUM