Une mise à jour sur les compressions budgétaires demandées aux districts scolaires par le gouvernement du Nouveau-Brunswick.Lundi dernier, un groupe de parents a convoqué les médias à une conférence de presse afin de dénoncer publiquement les compressions budgétaires demandées par le gouvernement de David Alward aux 14 districts scolaires du Nouveau-Brunswick (les districts scolaires s'occupent de la gestion des écoles primaires et des écoles secondaires de la province). Selon ce groupe, des compressions budgétaires dans le milieu de l'éducation sont inacceptables et mettent en péril l'éducation de leurs enfants. En raison de l'abondance d'information qui existe présentement sur le sujet, notamment parce que le dossier jouit, depuis quelque temps, d'une importante couverture médiatique nous avons cru bon de vous faire une petite mise à jour.
Au mois de janvier 2011, le premier ministre David Alward a affirmé que son gouvernement allait effectuer des compressions budgétaires dans tous ses ministères (de l'ordre de 2% chaque année pour une période de trois ans), et ce, sans tenir compte des obligations de chacun des ministères et des conséquences qui pourraient en découler. Plusieurs ont caractérisé cette initiative comme étant un exercice comptable «paresseux» étant donné qu'il est facile de comprendre qu'une compression de 2% au ministère de l'éducation (ou même au ministère de la santé) n'a pas les mêmes conséquences qu'une compression de 2% au ministère de la justice par exemple. Malgré tout, le gouvernement continue de croire qu'il est possible de faire des compressions sans que celles-ci touchent les salles de classe.
Tous les districts scolaires (les districts francophones comme les districts anglophones) doivent faire des compressions budgétaires, et ce, même si les écoles francophones sont uniques puisqu'elles ont deux mandats, soit de garantir une éducation de qualité et de contribuer activement au développement identitaire des élèves. Selon la Constitution du Canada, les provinces doivent financer adéquatement les écoles francophones afin qu'elles puissent respecter leur double mandat. D'autres provinces, comme la Nouvelle-Écosse, par exemple, ont déjà compris qu'ils ne devaient pas imposer des compressions aux écoles francophones puisqu'effectuer des compressions allait affaiblir la capacité des écoles de répondre aux deux mandats à la fois, tandis qu'en Saskatchewan, une poursuite judiciaire entamée par les parents a empêché le gouvernement d'effectuer des compressions budgétaires. Pourtant, le gouvernement du Nouveau-Brunswick ne comprend pas et le District scolaire 01 refuse encore de se plier aux demandes du gouvernement en arguant que les compressions auront des conséquences sur l'enseignement. Pour y arriver, le district affirme qu'il devra supprimer 10 postes d'enseignantes et d'enseignants ou bien supprimer 45 postes d'assistantes et d'assistants à l'enseignement.
Le District scolaire 01 est dans une situation unique ce qui ne lui permet pas, selon son président Ernest Thibodeau, de faire des compressions à son budget. Assurant la gestion des écoles francophones des régions de Moncton, de Fredericton et de Saint-Jean, le District scolaire 01 est le seul district qui a une croissance régulière de sa population étudiante chaque année (en fait, entre 2003 et 2010, la population étudiante du District a augmenté de 16,86%). Puisque le financement qu'accorde le gouvernement est toujours basé sur la population étudiante de l'année précédente, le District scolaire 01 est constamment dans une situation de sous-financement par rapport aux autres districts. Monsieur Thibodeau explique bien la décision du district en affirmant que : «La croissance des effectifs scolaires, le vaste territoire, le manque de financement en adaptation scolaire, les services de francisation, l'entretien des bâtiments vieillissants, l'accueil des élèves nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes, de même que les besoins afin de favoriser un milieu propice à l'apprentissage pour tous les élèves font partie des réalités et des défis du District scolaire 01 qui viennent expliquer la décision du Conseil d'éducation [...]».
Malgré la réticence du District scolaire 01 (et l'adoption d'un budget déficitaire contre l'avis du ministre de l'éducation, Jody Carr), le ministre de l'éducation demeure convaincu qu'il est possible de réaliser des économies dans le milieu de l'éducation. Pour le ministre, les 13 autres districts scolaires de la province qui ont accepté de procéder à des compressions budgétaires prouvent qu'il est possible d'effectuer des compressions dans toucher à l'enseignement et aux salles de classe. Pourtant, même si 13 des 14 districts ont accepté de procéder à des compressions budgétaires pour la prochaine année (et, parfois, à crève-coeur comme ce fut le cas au District scolaire 11), plusieurs districts francophones (et plusieurs districts anglophones) ont fait savoir au ministre qu'ils avaient réussi à faire des compressions cette année, mais qu'ils n'arriveraient pas à réduire leurs dépenses pour une deuxième année consécutive (notamment le District scolaire 02 qui a dit récemment qu'il aurait de la difficulté à y arriver sans couper dans l'appui à la réussite).
Entretemps, les Comités parentaux d'appui à l'enseignement de plusieurs écoles se sont unis et ont préparé un plan de match. Une qui a circulé dans toutes les écoles francophones de la province a réussi à amasser, dans quelques semaines seulement, près de 5000 signatures. Ce même groupe de parents a créé un groupe Facebook (Non aux coupures en éducation!) qui a réussi à attirer près de 1200 membres. En plus de la mobilisation des parents, la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, lors de son assemblée générale annuelle les 4 et 5 juin derniers, a donné son appui à une éventuelle poursuite judiciaire. Le mouvement prend de l'ampleur et seul l'avenir nous dira si le gouvernement comprend le message que tentent de leur communiquer les citoyennes et les citoyens de la province.
En tant qu'organisme de la société civile acadienne voué à la promotion de l'éducation ainsi qu'à la promotion du français, la FÉÉCUM appuie les revendications des parents et des autres organismes de la société civile qui militent en faveur d'un financement adéquat de l'éducation du Nouveau-Brunswick. Nous abondons dans le même sens que Réjean LeBlanc qui affirmait, dans les pages de l'Acadie Nouvelle, que «Nous sommes très conscients de la réalité économique de la province et nous comprenons que le gouvernement a des choix difficiles à faire. Cependant, il nous apparaît évident que de réduire les budgets en éducation ne servira pas à notre développement économique à long terme. L'éducation n'est pas une dépense, c'est un investissement!». Pourtant, le Parti conservateur du Nouveau-Brunswick semblait être du même avis pendant les élections...
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