jeudi 17 mars 2011

La FÉÉCUM envoie un classique acadien au Premier Ministre du N.-B.

La Fédération étudiante parle de dualité linguistique à M. Alward

D’ici le dépôt du budget du Nouveau-Brunswick à la fin mars, la Fédération des étudiants et étudiantes du Centre universitaire de Moncton (FÉÉCUM) envoie un classique littéraire par semaine au Premier Ministre David Alward pour le conscientiser à l’importance de l’éducation pour l’avenir de sa province. Cette semaine, ce livre est le classique de la poésie acadienne Cri de Terre de Raymond Guy LeBlanc.

Chacun des cinq livres choisis porte un message symbolique et est accompagné d’une lettre explicative* envoyée à l’Hon. M. Alward ainsi qu’à d’autres intervenants comme la Ministre et au critique de l’éducation postsecondaire, ainsi qu’aux médias. Selon le président de la FÉÉCUM, Ghislain LeBlanc, Cri de Terre, évoque le sentiment de révolte des Acadiens à la fin des années 60s et au début des années 70s : « Le poète brise le silence et demande une véritable égalité entre les francophones et les anglophones qui partagent le territoire, un discours qui se retrouve encore au centre des revendications acadiennes. »

La FÉÉCUM soulève ainsi le danger que représentent les compressions budgétaires proposées par le gouvernement provincial. « Le développement d’une population, surtout dans un contexte minoritaire, passe largement par l’éducation, » explique le président de la Fédération étudiante, « Comment allons-nous assurer que les deux populations auront les mêmes opportunités? » M. LeBlanc rappelle que les familles acadiennes se trouvent, en grande partie, dans des régions rurales, et selon les statistiques, ont en moyenne un revenu annuel moins élevé que leurs homologues anglophones de quelques 2000$ : « La communauté acadienne dépend de l’Université de Moncton pour faire avancer son destin et les problèmes financiers de l’UdeM seront conséquemment aussi ceux de notre communauté. »

La FÉÉCUM continuera d’envoyer un livre par semaine jusqu’au dépôt du budget, question d’inspirer le Premier Ministre à respecter ses engagements envers la population du Nouveau-Brunswick tout en soulignant l’importance du rôle de l’éducation dans la santé économique de la province.

*La lettre en entier :

Monsieur le Premier Ministre,

Nous espérons que vous avez apprécié Émile ou de l’éducation, ce grand classique du philosophe français Jean-Jacques Rousseau, que nous vous avons fait parvenir la semaine dernière. Cette semaine, nous faisons le saut du 18e siècle au 20e pour vous livrer un classique de la poésie acadienne. Cri de terre de Raymond Guy LeBlanc (aujourd’hui en intégral dans le recueil Archives de la présence), publié en 1972, regroupe les poèmes écrits entre 1969 et 1971, une période mouvementée en Acadie.

L’œuvre de LeBlanc est un miroir du sentiment de révolte et d’angoisse qui envahit l’esprit des Acadiennes et des Acadiens à la fin des années 1960 et au début des années 1970, sentiment qui s’étend à toute l’œuvre poétique acadienne de l’époque. Dans le poème « Cri de Terre » (p.49), le poète brise le silence et ose demander une égalité réelle entre les francophones et les anglophones qui partagent notre territoire. C’est un discours qui se retrouve encore aujourd’hui au centre des revendications acadiennes.

L’égalité réelle entre les francophones et les anglophones doit s’étendre à toutes les sphères de la société néo-brunswickoise, mais nous pensons qu’elle a une place particulièrement importante dans le milieu de l’éducation (et ce, de la petite enfance au postsecondaire). Le développement d’une population, surtout dans un contexte minoritaire, passe largement par l’éducation. C’est cette éducation qui permet à la population acadienne de s’outiller pour faire face aux défis du présent et de l’avenir. Cependant, pour que le Néo-Brunswickois francophone puisse accéder à un niveau satisfaisant d’éducation, il doit avoir les moyens de financer ses études postsecondaires. Pourtant, même aujourd’hui, les circonstances mettent en péril l’éducation des Acadiennes et des Acadiens. Les familles acadiennes se trouvent, en grande partie, dans des régions rurales, et selon les statistiques, ont en moyenne un revenu annuel moins élevé que les familles anglophones. Comment allons-nous assurer que les deux populations auront les mêmes opportunités?

M. Alward, notre recommandation, cette semaine, est double. Dans un premier temps, nous vous demandons de songer à l’impact qu’auront vos décisions, tant dans le milieu éducationnel qu’ailleurs, sur les Acadiennes et les Acadiens du Nouveau-Brunswick. Dans un deuxième temps, nous vous demandons de ne pas imposer des compressions aux budgets réservés à l’éducation postsecondaire afin de ne mettre en péril ni la qualité ni l’accessibilité de l’éducation universitaire et collégiale. Les conséquences de telles compressions se feront sentir à plusieurs niveaux, notamment par les universités publiques, mais aussi par les étudiantes et les étudiants, alors que le manque à gagner leur sera transmis à travers une hausse des droits de scolarité. Nous vous prions, M. Alward, de ne pas oublier que la communauté acadienne dépend de l’Université de Moncton pour faire avancer son destin et que ses problèmes financiers seront conséquemment aussi les nôtres.

En espérant que vous allez apprécier le recueil de poésie Archives de la présence, notamment le poème « Cri de terre », du poète acadien Raymond Guy LeBlanc et, surtout vous en inspirer, veuillez agréer nos plus sincères salutations

Ghislain LeBlanc, Président FÉÉCUM
Sylvain Bérubé, Vice-président exécutif FÉÉCUM

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