Langues officielles : des compressions et des annonces préoccupantes
Cette semaine, des sujets ayant rapport aux langues officielles du Canada ont retenu l'attention des médias francophones. Tout d'abord, le Commissaire aux langues officielles du Canada a publié son rapport annuel le 18 octobre dernier. Dans son rapport, le Commissaire dit se préoccuper de plusieurs situations qu'il juge problématiques, notamment des conséquences que pourrait avoir, sur les populations minoritaires (notamment les francophones qui habitent à l'extérieur du Québec), la révision d'une série de programmes gouvernementaux. Selon les indications du gouvernement, certains programmes subiront des compressions de l'ordre de 5% et d'autres de l'ordre de 10%. L'inquiétude du Commissaire est que : «chaque institution, par coïncidence, trouve [...] qu'ils vont [devoir] couper [...] dans des formations linguistiques ou des programmes qui touchent les communautés de langues officielles». De plus, le Commissaire fait remarquer que le gouvernement actuel manque de leadership pour ce qui a trait à l'application de la Loi sur les langues officielles, notamment «par rapport à la promotion de l'usage des deux langues et dans l'appui du développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire». Des compressions pourraient alors aggraver une situation qui est déjà jugée problématique. Finalement, le Premier ministre du Canada, Stephen Harper a procédé à la nomination de deux juges à la Cour suprême du Canada, dont un unilingue anglophone. Depuis l'annonce, les critiques fusent de partout, notamment d'organismes acadiens comme l'Association des juristes d'expression française du Nouveau-Brunswick. Rappelons-nous que le député de la circonscription d'Acadie-Bathurst, Yvon Godin, avait déposé, à la Chambre des communes, un projet de loi qui rendait obligatoire la connaissance du français et de l'anglais pour les juges de la Cour suprême du Canada. Ce projet de loi, après avoir été voté par la majorité des députés de la Chambre des communes, n'a pas eu l'occasion d'être présenté au Sénat avant le déclenchement des dernières élections fédérales. Avec cette nomination (et le projet de loi d'Yvon Godin mort au feuilleton), les francophones qui devront se présenter devant les juges de la Cour suprême pourront toujours communiquer en français, mais, comme avant, ils ne réussiront pas à se faire comprendre sans l'aide d'interprètes.
Commissions scolaires au Québec : des compressions et des réformes à venir?
Comme c'est le cas au Nouveau-Brunswick, les compressions dans le monde de l'éducation sont envisagées dans la province voisine. La Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault parlait récemment de réduire le nombre de commissions scolaires dans le but ultime de réduire les dépenses gouvernementales. Au début de la semaine, nous avons appris que le gouvernement de Jean Charest envisageait réaliser des économies dans le monde de l'éducation en procédant à une réforme du système d'éducation. La ministre de l'éducation, Line Beauchamp, a annoncé qu'elle voulait procéder à une refonte du rôle des commissions scolaires dans le but de réduire leurs besoins en ressources humaines et, ainsi, réduire leurs budgets. En gros, le projet envisagé devrait, d'ici trois ans, réduire les budgets des 69 commissions scolaires du Québec de moitié (ce qui représente près de 300 millions de dollars d'économies). Ainsi, le rôle des commissions scolaires changerait. Elles deviendraient des entités servant à assurer la mise en commun de certains services pour un nombre spécifique d'écoles au lieu de servir à faire la gestion de ces écoles. Les écoles auraient ainsi une autonomie plus grande et deviendraient responsables de réclamer, année après année, un budget (déterminé en fonction d'indicateurs spécifiques) aux commissions scolaires. Depuis l'annonce, le gouvernement du Québec s'est vu dans l'obligation de faire marche arrière. Plusieurs groupes d'intérêts s'étaient ouvertement opposés au projet et, lors d'un congrès tenu en fin de semaine, la majorité des membres du Parti libéral du Québec présents ont refusé de donner suite au projet qui leur avait été présenté.
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