Le problème s’empire au lieu de se régler, selon la FÉÉCUM
Suite à l’annonce du gouvernement du Nouveau-Brunswick d’une entente pluriannuelle pour le financement des universités, la Fédération des étudiantes et étudiants du campus universitaire de Moncton (FÉÉCUM) s’insurge contre le manque de vision accablant de la province. Les universités pourront maintenant prévoir une hausse de financement de 2% par année les prochains deux ans, et une hausse de 3% des droits de scolarité par année pour les prochains trois ans.
D’après le président de la FÉÉCUM, Kevin Arseneau, un endettement accru prévisible est tout de même un endettement accru : « Encore une fois, les étudiants sont les grands perdants. C’est inacceptable et de plus, il est déplorable d’essayer de nous vendre cette annonce comme quelque chose de quoi se réjouir. » M. Arseneau rappelle que le Nouveau-Brunswick se classe déjà parmi les provinces canadiennes dont les étudiants sont les plus endettés, situation qui ne fera que s’empirer sous les politiques d’austérité du gouvernement.
La réaction timide des universités a aussi déplu à la Fédération étudiante. « Les universités semblent se contenter de bien peu, de trop peu, » explique le président de la FÉÉCUM. « En bout de ligne, qu’elles aient des défis financiers à relever ou non, elles iront chercher le manque à gagner dans la poche des étudiants, ou couperons dans la qualité de l’éducation. Nous payons pour leur manque de conviction et de courage. »
La FÉÉCUM continue donc de militer pour que l’éducation devienne un véritable projet de société au Nouveau-Brunswick, une pétition à cet égard faisant déjà le tour de la province depuis plusieurs semaines.
jeudi 31 octobre 2013
mercredi 30 octobre 2013
Les fissures du pouvoir
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Quand une craque assez grosse pour laisser passer Mike Duffy s’ouvre dans la façade du pouvoir conservateur, aucun doute ne persiste quant à savoir si le Premier ministre tient son caucus un petit peu trop serré.
Hmmmmphhhiihihihihihi!!! Bon, OK, on repart :
Le processus est familier, on l’a vu se produire ici à l’Université de Moncton; quand un individu en position de pouvoir cherche à imposer par des mesures institutionnellement ‘‘justifiables’’ son contrôle sur tous les aspects du processus dont il devrait en fait être le gardien et le porte-parole, éventuellement, soit la pression exercée génère la fuite d’information, soit un changement de direction ouvre les portes sur l’arcane.
Et à partir de ce moment, tout peut aisément prendre des proportions inattendues.
Qui plus est, un message longtemps contrôlé –une façade- lorsque libéré et soumis au jugement de tout un chacun, par l’intermédiaire de la presse et des autres médias, mais également en son for intérieur, porte le potentiel d’un effet démultiplié comme autant de bombes lancées contre cette même façade, déjà ébranlée.
La preuve en étant que le B-52 de la Colline, Mike Duffy, lance bombe sur bombe à l’endroit du Premier ministre. En fait, il a plus l’allure d’un tank, mais bon. À ce point-ci, tout est une bombe, car on se rend rapidement compte, à la lumière des révélations des sénateurs visés par la motion de suspension sans salaire du Sénat, d’une part, mais tout autant –et possiblement plus- par le message changeant du Premier ministre soucieux de défendre son image de partisan de la ligne dure aux yeux de la base conservatrice, que ce que l’on ignore semble toujours aller de plus en plus loin. De plus, il est douteux qu’on nous l’ait caché pour notre bien.
Et la question se pose quant à savoir pourquoi on choisit de nous cacher tout ça? Certains diront «parce que vous ne comprendriez pas si on vous l’expliquait»; je pense qu’ici l’histoire se raconte d’elle-même. D’autres diront que c’est pour le bien de l’institution, ce qui semble être le modus operandi de Stephen Harper; alors là il est évident que si le bien de l’institution dépend du silence radio sur ses façons de procéder, on a un sérieux problème.
Un problème qui ne se balaie pas du revers de la main, comme ont tenté de le faire les conservharpeurs ([kõsERvaRPœR] n.m. – 2013 v CONTRACT. Cons servent Harper) depuis le printemps.
On en vient par cette voie à parler des sénateurs, qui se défendent vigoureusement d’avoir enfreint les règles concernant les dépenses du Sénat, ou d’avoir, à tout le moins, enfreint ces règles avec l’approbation des gens responsables de les empêcher de le faire.
Ils disent que les règles du Sénat en matière de dépenses ne sont pas claires, et refusent de payer (une partie) de la somme qui est exigée d’eux en remboursement des sommes reçues du Sénat sous forme d’allocations de résidence secondaire et de dépenses de voyage.
Pardonnez mon intransigeance, mais sénateurs, membres du comité des dépenses du Sénat, employés démissionnaires (ou congédiés dépendamment du jour de la semaine où la question sera posée au PM) du bureau du Premier ministre, et le Premier ministre lui-même sont tout aussi coupables les uns que les autres dans cette affaire. Et ils s’obstinent à savoir qui est à blâmer parce qu’il serait impensable de punir tout le monde.
Qu’il y a au moins un dans la gang qui nous protège, ha!
Vous trouverez ce que vous devez savoir sur le sujet dans le dossier de Radio-Canada (Lien). Pas que ce que la SRC diffuse se situe au-dessus de tout questionnement, mais si la SRC prend la peine de le questionner, c’est un peu comme trouver le canari dans le fond de sa cage.
D’emblée, Harper est au-dessus des sanctions dans cette histoire, il se bat pour protéger sa réputation d’homme fort. N’empêche, sa crédibilité pourrait sortir lourdement entachée de cette affaire. De plus, depuis qu’il est sorti de son mutisme habituel envers les médias et depuis, il se met le pied dans la bouche aux trois phrases, à peu près.
Les sénateurs vont payer la note, sous une forme ou une autre. Seront-ils suspendus sans paie ni bénéfices comme Harper le demande? Le leader conservateur du Sénat, Claude Carignan, propose déjà des sanctions réduites pour courtiser le vote des sénateurs. Qui ne sont pas chauds à l’idée du précédent crée par l’affaire, j’imagine. Pour le résultat final, il faudra encore attendre longtemps.
Les règles de dépenses du Sénat ont-elles besoin de clarifications? Ont-elle seulement besoin d’un «chien de garde» qui sache les comprendre et les défendre? Parce que manifestement, si les gens concernés les comprennent, ils choisissent de les ignorer. Parce qu’ils croient avoir le droit de le faire. Légitimement.
Le problème, en somme, c’est que tout le monde, TOUT LE MONDE dans cette affaire a soit commis ou choisi d’ignorer une crocherie, et que malgré ça, tout ce beau monde s’entête à jouer les vierges offensées. Personne n’est coupable, ou du moins, personne n’accepte de porter la responsabilité de sa culpabilité, en se disant que, si c’est de la faute de quelqu’un d’autre, ils n’ont peut-être rien fait de mal.
Vraiment?
Depuis le début, Harper joue a carte de l’ignorance et martèle la faute des sénateurs, question de ne pas paraître faible ou –la honte- complice aux yeux de l’électorat et plus que tout de la base conservatrice. C’est lui qui les a nommés au Sénat, après tout
Et malgré ce qu’il répète (quoi ce ne soit peut-être pas le bon terme vu les changements apportés à sa version des faits) jour après jour, difficile de croire que Stephen Harper n’en savait rien. Pas le Chuck Norris de la Colline parlementaire, voyons. De jour en jour surgissent d’ailleurs des informations soutenant le contraire. Le chèque de 90 000$ faisait supposément partie d’une entente incluant le bureau du Premier ministre. Et il y a un deuxième chèque, nous dit-on aujourd’hui, émis pour couvrir les frais d’avocat de Mike Duffy.
La sénatrice Pamela Wallin, départie de ses attaches conservatrices, fait flèche de tout bois contre le caucus conservateur, jugeant qu’on fait d’elle (et des autres) un bouc émissaire.
Voilà ce qui me chicote : y’a toujours ben des limites à croire, en toute bonne volonté, qu’on est en train de bien faire les choses!!!
Le salaire de base d’un sénateur est déjà de 135 200$ (Gouvernement du Canada). De plus, chaque déplacement (pour des affaires du Sénat) à plus de 100km de leur résidence principale est remboursable (jusqu’à un maximum de 64 points, chaque aller-retour comptant pour un point), et les voyages par train sont gratuits (Gouvernement du Canada). Vestige de la construction du chemin de fer transcanadien, joyau de la Confédération, sans doute.
Les sénateurs savaient, les premiers, qu’ils recevaient des sommes auxquelles ils n’avaient pas droit –puisées à même les poches des contribuables- et ils empochaient tout de même sans arrière-pensée. On devine que si l’enquête qui a révélé ces irrégularités n’avait pas eu lieu, ils empocheraient encore.
Les responsables qui ont approuvé ces dépenses au Sénat voyaient défiler les chiffres devant eux et n’ont rien fait pour les empêcher non plus. Les dernières révélations de Mike Duffy ont tourné les projecteurs sur ces derniers.
J’admets le premier que je n’ai aucune admiration pour les sénateurs. Leur ineptie à s’acquitter de leurs tâches fondamentales permet de remettre en question leur existence sans grands remords. La SANB milite en faveur du maintien du Sénat (que le NPD propose d’abolir, et les Conservateurs de réformer) parce qu’il est investi de la mission de représenter les minorités. Je soutiens le principe, mais je serais bien curieux de voir ce qu’on aurait de moins dans l’Est s’ils n’étaient pas là pour nous «défendre». On aura sans doute l’occasion de revenir là-dessus.
Les sénateurs ont vraisemblablement fraudé. Sciemment, ou non, ça reste de la fraude. Désolé, mais je ne vois aucune raison de les prendre en pitié. MAIS il y a trop de gens responsables pour qu’ils soient les seuls à être sanctionnés dans cette affaire. Les manœuvres arcanes du cabinet du premier ministre au premier chef, ceux et celles qui tirent les ficelles et signent les chèques doivent être soumis au même traitement : qu’ils répondent de leurs actes devant la justice.
Mais, tu sais, quand c’est toi qui nomme les juges… ça pourrait causer un malaise.
Quand une craque assez grosse pour laisser passer Mike Duffy s’ouvre dans la façade du pouvoir conservateur, aucun doute ne persiste quant à savoir si le Premier ministre tient son caucus un petit peu trop serré.
Hmmmmphhhiihihihihihi!!! Bon, OK, on repart :
Le processus est familier, on l’a vu se produire ici à l’Université de Moncton; quand un individu en position de pouvoir cherche à imposer par des mesures institutionnellement ‘‘justifiables’’ son contrôle sur tous les aspects du processus dont il devrait en fait être le gardien et le porte-parole, éventuellement, soit la pression exercée génère la fuite d’information, soit un changement de direction ouvre les portes sur l’arcane.
Et à partir de ce moment, tout peut aisément prendre des proportions inattendues.
Qui plus est, un message longtemps contrôlé –une façade- lorsque libéré et soumis au jugement de tout un chacun, par l’intermédiaire de la presse et des autres médias, mais également en son for intérieur, porte le potentiel d’un effet démultiplié comme autant de bombes lancées contre cette même façade, déjà ébranlée.
La preuve en étant que le B-52 de la Colline, Mike Duffy, lance bombe sur bombe à l’endroit du Premier ministre. En fait, il a plus l’allure d’un tank, mais bon. À ce point-ci, tout est une bombe, car on se rend rapidement compte, à la lumière des révélations des sénateurs visés par la motion de suspension sans salaire du Sénat, d’une part, mais tout autant –et possiblement plus- par le message changeant du Premier ministre soucieux de défendre son image de partisan de la ligne dure aux yeux de la base conservatrice, que ce que l’on ignore semble toujours aller de plus en plus loin. De plus, il est douteux qu’on nous l’ait caché pour notre bien.
Et la question se pose quant à savoir pourquoi on choisit de nous cacher tout ça? Certains diront «parce que vous ne comprendriez pas si on vous l’expliquait»; je pense qu’ici l’histoire se raconte d’elle-même. D’autres diront que c’est pour le bien de l’institution, ce qui semble être le modus operandi de Stephen Harper; alors là il est évident que si le bien de l’institution dépend du silence radio sur ses façons de procéder, on a un sérieux problème.
Un problème qui ne se balaie pas du revers de la main, comme ont tenté de le faire les conservharpeurs ([kõsERvaRPœR] n.m. – 2013 v CONTRACT. Cons servent Harper) depuis le printemps.
On en vient par cette voie à parler des sénateurs, qui se défendent vigoureusement d’avoir enfreint les règles concernant les dépenses du Sénat, ou d’avoir, à tout le moins, enfreint ces règles avec l’approbation des gens responsables de les empêcher de le faire.
Ils disent que les règles du Sénat en matière de dépenses ne sont pas claires, et refusent de payer (une partie) de la somme qui est exigée d’eux en remboursement des sommes reçues du Sénat sous forme d’allocations de résidence secondaire et de dépenses de voyage.
Pardonnez mon intransigeance, mais sénateurs, membres du comité des dépenses du Sénat, employés démissionnaires (ou congédiés dépendamment du jour de la semaine où la question sera posée au PM) du bureau du Premier ministre, et le Premier ministre lui-même sont tout aussi coupables les uns que les autres dans cette affaire. Et ils s’obstinent à savoir qui est à blâmer parce qu’il serait impensable de punir tout le monde.
Qu’il y a au moins un dans la gang qui nous protège, ha!
Vous trouverez ce que vous devez savoir sur le sujet dans le dossier de Radio-Canada (Lien). Pas que ce que la SRC diffuse se situe au-dessus de tout questionnement, mais si la SRC prend la peine de le questionner, c’est un peu comme trouver le canari dans le fond de sa cage.
D’emblée, Harper est au-dessus des sanctions dans cette histoire, il se bat pour protéger sa réputation d’homme fort. N’empêche, sa crédibilité pourrait sortir lourdement entachée de cette affaire. De plus, depuis qu’il est sorti de son mutisme habituel envers les médias et depuis, il se met le pied dans la bouche aux trois phrases, à peu près.
Les sénateurs vont payer la note, sous une forme ou une autre. Seront-ils suspendus sans paie ni bénéfices comme Harper le demande? Le leader conservateur du Sénat, Claude Carignan, propose déjà des sanctions réduites pour courtiser le vote des sénateurs. Qui ne sont pas chauds à l’idée du précédent crée par l’affaire, j’imagine. Pour le résultat final, il faudra encore attendre longtemps.
Les règles de dépenses du Sénat ont-elles besoin de clarifications? Ont-elle seulement besoin d’un «chien de garde» qui sache les comprendre et les défendre? Parce que manifestement, si les gens concernés les comprennent, ils choisissent de les ignorer. Parce qu’ils croient avoir le droit de le faire. Légitimement.
Le problème, en somme, c’est que tout le monde, TOUT LE MONDE dans cette affaire a soit commis ou choisi d’ignorer une crocherie, et que malgré ça, tout ce beau monde s’entête à jouer les vierges offensées. Personne n’est coupable, ou du moins, personne n’accepte de porter la responsabilité de sa culpabilité, en se disant que, si c’est de la faute de quelqu’un d’autre, ils n’ont peut-être rien fait de mal.
Vraiment?
Depuis le début, Harper joue a carte de l’ignorance et martèle la faute des sénateurs, question de ne pas paraître faible ou –la honte- complice aux yeux de l’électorat et plus que tout de la base conservatrice. C’est lui qui les a nommés au Sénat, après tout
Et malgré ce qu’il répète (quoi ce ne soit peut-être pas le bon terme vu les changements apportés à sa version des faits) jour après jour, difficile de croire que Stephen Harper n’en savait rien. Pas le Chuck Norris de la Colline parlementaire, voyons. De jour en jour surgissent d’ailleurs des informations soutenant le contraire. Le chèque de 90 000$ faisait supposément partie d’une entente incluant le bureau du Premier ministre. Et il y a un deuxième chèque, nous dit-on aujourd’hui, émis pour couvrir les frais d’avocat de Mike Duffy.
La sénatrice Pamela Wallin, départie de ses attaches conservatrices, fait flèche de tout bois contre le caucus conservateur, jugeant qu’on fait d’elle (et des autres) un bouc émissaire.
Voilà ce qui me chicote : y’a toujours ben des limites à croire, en toute bonne volonté, qu’on est en train de bien faire les choses!!!
Le salaire de base d’un sénateur est déjà de 135 200$ (Gouvernement du Canada). De plus, chaque déplacement (pour des affaires du Sénat) à plus de 100km de leur résidence principale est remboursable (jusqu’à un maximum de 64 points, chaque aller-retour comptant pour un point), et les voyages par train sont gratuits (Gouvernement du Canada). Vestige de la construction du chemin de fer transcanadien, joyau de la Confédération, sans doute.
Les sénateurs savaient, les premiers, qu’ils recevaient des sommes auxquelles ils n’avaient pas droit –puisées à même les poches des contribuables- et ils empochaient tout de même sans arrière-pensée. On devine que si l’enquête qui a révélé ces irrégularités n’avait pas eu lieu, ils empocheraient encore.
Les responsables qui ont approuvé ces dépenses au Sénat voyaient défiler les chiffres devant eux et n’ont rien fait pour les empêcher non plus. Les dernières révélations de Mike Duffy ont tourné les projecteurs sur ces derniers.
J’admets le premier que je n’ai aucune admiration pour les sénateurs. Leur ineptie à s’acquitter de leurs tâches fondamentales permet de remettre en question leur existence sans grands remords. La SANB milite en faveur du maintien du Sénat (que le NPD propose d’abolir, et les Conservateurs de réformer) parce qu’il est investi de la mission de représenter les minorités. Je soutiens le principe, mais je serais bien curieux de voir ce qu’on aurait de moins dans l’Est s’ils n’étaient pas là pour nous «défendre». On aura sans doute l’occasion de revenir là-dessus.
Les sénateurs ont vraisemblablement fraudé. Sciemment, ou non, ça reste de la fraude. Désolé, mais je ne vois aucune raison de les prendre en pitié. MAIS il y a trop de gens responsables pour qu’ils soient les seuls à être sanctionnés dans cette affaire. Les manœuvres arcanes du cabinet du premier ministre au premier chef, ceux et celles qui tirent les ficelles et signent les chèques doivent être soumis au même traitement : qu’ils répondent de leurs actes devant la justice.
Mais, tu sais, quand c’est toi qui nomme les juges… ça pourrait causer un malaise.
vendredi 25 octobre 2013
Revue de presse du 21 au 25 octobre
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Des recommandations ont été soumises à l’examen du Sénat académique de l’UdeM cette semaine quant à l’abandon de plusieurs programmes (L’Acadie Nouvelle). Un comité du Sénat doit maintenant en examiner le contenu et entendre la réponse des responsables des programmes concernés. Professeurs et étudiants, par la voix de leur représentants, laissent entendre leur désaccord avec l’idée d’abandonner des programmes sous prétexte d’un faible taux de diplomation (L’Acadie Nouvelle) et d’une faiblesse au niveau de critères comme «la valeur sociale», dont la mesure, pour Marie-Noëlle Ryan, tient du mystère. Kevin Arseneau déplore pour sa part le fait que les programmes sous la menace du couperet sont tous du domaine des sciences humaines et sociales; du même souffle il laisse entendre que les efforts de recrutement nécessaires ne sont peut-être pas déployés par l’UdeM pour combler ces lacunes.
Les recommandations demeurent provisoires pour l’instant, répétons-le.
La semaine dernière, le juriste et professeur Michel Doucet annonçait qu’il ne prendrait plus de nouveaux dossiers liés aux droits linguistiques. Ces causes, qui sont souvent très longues et rapportent peu, attirent difficilement la relève, cependant. Quelques futurs diplômés de la faculté de droit de l’UdeM ont réagi aux propos de Me Doucet, se disant intéressés par les causes linguistiques (L’Acadie Nouvelle, 22 octobre, p. 8), malgré leurs nombreux désavantages. Espérons que le flambeau ne sera pas trop difficile à passer pour Me Doucet, qui s’achemine graduellement vers la fin d’une longue et très active carrière dans la défense des droits linguistiques des minorités acadiennes et francophones!
Deux lettres d’opinions se sont renvoyé la balle au sujet des controverses ayant fait surface à l’UdeM cet automne, et des querelles médiatiques qui ont suivi, certains jugeant bénéfique de crever l’abcès, et jugeant trop affectée l’indignation de certains réfractaires (L’Acadie Nouvelle), alors que d’autres adoptent une ligne plus modérée en posant la question, légitime, à savoir si les réactions de l’UdeM dans l’affaire LaPierre (à qui le recteur suggère de retirer son éméritat) n’ont pas été excessives (L’Acadie Nouvelle, 25 octobre, p. 17).
Il est certain que les épreuves de la transparence pour l’UdeM ne tirent pas encore à leur fin, un an à peine après son passage sous la Loi de l’accès à l’information. C’est un peu comme aller fouiller sous votre lit, on ne sait jamais ce qui va sortir. Et il sera toujours délicat de juger les décisions d’autrefois à l’aune des mœurs d’aujourd’hui.
Et en ce frais vendredi d’automne, on apprend dans les pages du Telegraph-Journal que STU va réduire l’augmentation imposée aux étudiants canadiens dans son dernier budget (Telegraph). On s’en souvient, STU avait ri de la recommandation du gouvernement de limiter l’augmentation des droits de scolarité à 150$, le printemps dernier. Le résultat? 434$ d’augmentation à la rentrée 2013.
Donc, STU, après avoir rencontré le nouveau ministre de l’Éducation postsecondaire, de la formation et du travail, Jody Carr, réduira à 250$ (ce qui est encore loin au-dessus des limites proposées par le gouvernement) l’augmentation pur cette année, tout en garantissant qu’au cours des quatre prochaines années l’augmentation des droits de scolarité ne pourra pas dépasser 3% plus 170$. Ce plan de quatre ans vise à augmenter les droits de scolarité de STU jusqu’à atteindre la moyenne provinciale.
Le gouvernement augmente aussi la subvention de fonctionnement de STU (qui était sous-financée dans la vétuste formule de financement actuelle) de manière permanente, la bonifiant de 225 000$ annuellement.
Mais, et peut-être me trouverez-vous paranoïaque, si les droits de scolarité de STU augmentent –vous savez qu’ils sont les plus bas de la province- la moyenne provinciale ne va-t-elle pas monter, elle aussi? Les mêmes arguments vont-ils revenir dans quatre ans?
Il s’agit quand même d’une première action relativement rapide pour Jody Carr (n’en déplaise à Danny Soucy), qui laisse également entendre qu’une annonce importante sur le financement des universités du N-B pourrait venir aussi tôt que la semaine prochaine. Ça sent le pluriannuel. Mais c’est l’automne, je sens peut-être juste les feuilles qui pourrissent.
Des recommandations ont été soumises à l’examen du Sénat académique de l’UdeM cette semaine quant à l’abandon de plusieurs programmes (L’Acadie Nouvelle). Un comité du Sénat doit maintenant en examiner le contenu et entendre la réponse des responsables des programmes concernés. Professeurs et étudiants, par la voix de leur représentants, laissent entendre leur désaccord avec l’idée d’abandonner des programmes sous prétexte d’un faible taux de diplomation (L’Acadie Nouvelle) et d’une faiblesse au niveau de critères comme «la valeur sociale», dont la mesure, pour Marie-Noëlle Ryan, tient du mystère. Kevin Arseneau déplore pour sa part le fait que les programmes sous la menace du couperet sont tous du domaine des sciences humaines et sociales; du même souffle il laisse entendre que les efforts de recrutement nécessaires ne sont peut-être pas déployés par l’UdeM pour combler ces lacunes.
Les recommandations demeurent provisoires pour l’instant, répétons-le.
La semaine dernière, le juriste et professeur Michel Doucet annonçait qu’il ne prendrait plus de nouveaux dossiers liés aux droits linguistiques. Ces causes, qui sont souvent très longues et rapportent peu, attirent difficilement la relève, cependant. Quelques futurs diplômés de la faculté de droit de l’UdeM ont réagi aux propos de Me Doucet, se disant intéressés par les causes linguistiques (L’Acadie Nouvelle, 22 octobre, p. 8), malgré leurs nombreux désavantages. Espérons que le flambeau ne sera pas trop difficile à passer pour Me Doucet, qui s’achemine graduellement vers la fin d’une longue et très active carrière dans la défense des droits linguistiques des minorités acadiennes et francophones!
Deux lettres d’opinions se sont renvoyé la balle au sujet des controverses ayant fait surface à l’UdeM cet automne, et des querelles médiatiques qui ont suivi, certains jugeant bénéfique de crever l’abcès, et jugeant trop affectée l’indignation de certains réfractaires (L’Acadie Nouvelle), alors que d’autres adoptent une ligne plus modérée en posant la question, légitime, à savoir si les réactions de l’UdeM dans l’affaire LaPierre (à qui le recteur suggère de retirer son éméritat) n’ont pas été excessives (L’Acadie Nouvelle, 25 octobre, p. 17).
Il est certain que les épreuves de la transparence pour l’UdeM ne tirent pas encore à leur fin, un an à peine après son passage sous la Loi de l’accès à l’information. C’est un peu comme aller fouiller sous votre lit, on ne sait jamais ce qui va sortir. Et il sera toujours délicat de juger les décisions d’autrefois à l’aune des mœurs d’aujourd’hui.
Et en ce frais vendredi d’automne, on apprend dans les pages du Telegraph-Journal que STU va réduire l’augmentation imposée aux étudiants canadiens dans son dernier budget (Telegraph). On s’en souvient, STU avait ri de la recommandation du gouvernement de limiter l’augmentation des droits de scolarité à 150$, le printemps dernier. Le résultat? 434$ d’augmentation à la rentrée 2013.
Donc, STU, après avoir rencontré le nouveau ministre de l’Éducation postsecondaire, de la formation et du travail, Jody Carr, réduira à 250$ (ce qui est encore loin au-dessus des limites proposées par le gouvernement) l’augmentation pur cette année, tout en garantissant qu’au cours des quatre prochaines années l’augmentation des droits de scolarité ne pourra pas dépasser 3% plus 170$. Ce plan de quatre ans vise à augmenter les droits de scolarité de STU jusqu’à atteindre la moyenne provinciale.
Le gouvernement augmente aussi la subvention de fonctionnement de STU (qui était sous-financée dans la vétuste formule de financement actuelle) de manière permanente, la bonifiant de 225 000$ annuellement.
Mais, et peut-être me trouverez-vous paranoïaque, si les droits de scolarité de STU augmentent –vous savez qu’ils sont les plus bas de la province- la moyenne provinciale ne va-t-elle pas monter, elle aussi? Les mêmes arguments vont-ils revenir dans quatre ans?
Il s’agit quand même d’une première action relativement rapide pour Jody Carr (n’en déplaise à Danny Soucy), qui laisse également entendre qu’une annonce importante sur le financement des universités du N-B pourrait venir aussi tôt que la semaine prochaine. Ça sent le pluriannuel. Mais c’est l’automne, je sens peut-être juste les feuilles qui pourrissent.
mardi 22 octobre 2013
Un Acadien errant…
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
L’Université de Moncton, je ne vous l’apprend pas, a été récemment aux prises avec de fortes critiques à l’égard de la qualité du français chez ses étudiant(e)s et ses diplômé(e)s. Le tout à débuté comme une guerre de clochers entre profs (comme c’est souvent le cas) qui a débordé dans les médias, puis s’est étendue au reste de la communauté. La FÉÉCUM n’a pas été exempte, mais en bout de ligne des actions ont été entreprises pour régler le problème que nous avions soulevé au sein de cette controverse (Info-FÉÉCUM), et qui touchait aux droits des étudiant(e)s plutôt qu’ à la question de la qualité de la langue.
Mais cette question demeure. C’est pourquoi le Conseil de la langue française de l’UdeM soumet actuellement à l’opinion de la communauté universitaire des trois campus son projet de nouvelles exigences linguistiques (CLF).
En gros, il est proposé d’établir des normes plus strictes en ce qui a trait à la correction de la langue écrite dans les travaux universitaires. Cela s’opère spécifiquement afin d’encourager les étudiants et étudiantes à châtier un tantinet leur langue, de l’avis de tous dépossédée de ses glorieux atours d’antan, voire de l’élan bucolique que lui insufflaient jadis nos aïeux par les lyriques envolées de leurs vertueuses déclamations.
Nonobstant axiomatique tergiverse parcimonieux.
La proposition du CLF inclut trois options : une raisonnable mais molle, l’autre un peu plus salée mais encore réalisable, et une troisième plutôt extrême. Cela porte à croire que l’on sache d’emblée laquelle sera retenue, mais qu’on les présente toutes pour satisfaire les critiques. À vous d’en juger, les voici :
1) Pénalité d’une seule lettre pour les travaux faits à la maison;
2) Comme la proposition 1), mais en y ajoutant les examens;
3) Pénalité maximale d’une lettre (travaux et examens) pour les cours de niveau 1000 et 2000; de deux lettres pour les niveaux 3000 et 4000; et de trois lettres pour les cours de niveau 5000.
Peu importe l'option qui sera choisie en bout de ligne, il y a un problème (allez aux toilettes maintenant, parce que ça va être long):
Si les travaux sont notés différemment des examens (option 1), peut-on dire que la note finale reflète le niveau de maîtrise de la langue? Il demeure que cela semble être la meilleure option, en ayant un impact potentiel sur les notes (ce qui forcera au moins une relecture attentive), sans forcément mettre la réussite en péril. Suivant cette option, les étudiant(e)s doivent surtout savoir utiliser la quantité d'outils accessibles pour améliorer leur expression écrite. On peut croire qu’une certaine proportion d’étudiant(e)s verra ses notes en souffrir, mais si un réel effort est déployé tant au niveau de la langue que du contenu, tout le monde devrait pouvoir s’en tirer relativement bien
Donc, il s’agit de l’option qui causera le moins de heurts, tout en entretenant l’idée que l’Université agit pour redresser la situation. C’est pourquoi j’imagine que ce sera probablement celle qui sera retenue et appliquée en bout de ligne. Mais c’est plutôt mou.
Si tous les travaux (incluant les examens en classe) sont soumis à des exigences linguistiques pouvant retrancher une lettre de la note finale (option 2), il risque d’y avoir plus de conséquences immédiates et directes pour les étudiant(e)s.
En fait, deux choses risquent de se produire : soit ceux et celles qui connaissent déjà des difficultés face au contenu du cours verront leurs chances de succès s’amoindrir, soit les profs vont corriger moins strictement pour éviter que cela se produise. J'ai vu cela arriver, tant comme étudiant que comme correcteur: il n'y a aucune raison de croire que cela sera différent en présence d'exigences plus sévères. Vous avez peut-être déjà eu un prof qui a majoré la note d’un test ou d’un travail quand la moyenne de la classe est trop basse ou le taux d’échec anormalement élevé? Ça pourrait arriver plus souvent, et finalement on n’aura aucunement travaillé pour régler le problème, qui est d'améliorer la qualité de la langue.
Et puis, la question de la qualité de la langue chez les professeurs se pose également : est-ce que tous ont la capacité de refléter ces exigences linguistiques dans leur pratique professionnelle, tant au niveau de l’enseignement que de la correction? Et cela, c’est encore sans parler de la problématique potentielle quand la correction des travaux d’un même cours peut être affectée à un(e) ou plusieurs correcteurs ou correctrices, dont les compétences linguistiques peuvent également varier, malgré le soin apporté dans la sélection de ces individus.
Enfin, si les exigences deviennent plus (et aussi) sévères dans les cours 3000, 4000 et 5000 (option 3), les moyennes cumulatives pourraient bien chuter et ce n'est pas dans l'intérêt des étudiant(e)s, dans la perspective de passer au 2e ou 3e cycle, ou même d'entrer sur un marché du travail très compétitif. Plus de rigueur dans leurs travaux venant de ces étudiant(e)s est une attente raisonnable, mais la transition pourrait s’avérer extrêmement difficile pour les premiers groupes qui y seraient soumis.
On imagine que les nouvelles exigences seront appliquées à partir de la 1ère année d'une cohorte donnée (et des suivantes bien sûr). C’est la manière logique de procéder en vue d’une transformation durable. Et encore là, ce serait injuste pour cette cohorte puisque tous les étudiants plus avancés (incluant certains suivant les mêmes cours au même moment, et possiblement dans les mêmes classes) en seraient exemptés. D’ailleurs, ça ne serait pas plus évident pour les professeurs qui enseignent des cours se classant dans plus d’une catégorie au niveau des exigences, et encore moins pour les correcteurs.
Malgré l'importance du français dans la mission de l'Université, est-il sage de la faire primer (dans le contexte où trois lettres peuvent être retranchées) sur les compétences acquises en vertu des programmes universitaires; un(e) étudiant(e) peut être extrêmement compétent(e) dans son domaine, même si la qualité de son français écrit laisse à désirer. Et malheureusement l'anglais demeure, dans bien des domaines, la langue la plus importante à maîtriser même pour ceux et celles qui auront étudié en français.
La proposition du CLF soulève donc une masse de questions. En clair, la proposition 1 semble la seule qui ait une réelle chance de fonctionner. Pensez-en ce que vous voudrez, mais malgré l'importance du français dans la mission de l'UdeM, elle demeure une université; et la valeur d'un diplôme universitaire devrait être axée sur les compétences universelles et transférables qui y sont acquises; c'est injuste pour l'étudiant(e) de voir sa moyenne cumulative souffrir à cause de ses compétences linguistiques, aussi insuffisantes soient-elles. Après tout, rien ne garantit à l’étudiant(e) diplômé(e) de l’UdeM que son milieu de travail sera francophone.
Mais, ici encore, les choses sont infiniment plus complexes.
Par exemple, la langue n’est pas qu’un outil de communication; c’en est également un de compréhension. Or, comprendre le contenu de n’importe quel cours est une condition sine qua non de la réussite, ne diriez-vous pas? En ce sens, la compétence linguistique est déjà enchâssée dans l’expérience universitaire, peu importe les standards officiels qui y sont appliqués.
Tout cela étant dit, les exigences méritent sans doute d’être plus sévères dans certains domaines que d'autres, et que la proposition 1 ne serait peut-être pas suffisante pour EDUC, LING, FRAN, LITT, ICOM, HIST, SCPO, ou TRAD et d’autres encore, bref les domaines où la langue française est l'instrument de travail principal. Mais en sciences, en administration ou en génie? Je ne suis pas convaincu. Encore là, la question de la justice versus l’objectif versus la pertinence des exigences linguistiques (c’est une dialectique mexicaine!) se pose. Une autre question s’ajoute : l’UdeM peut-elle, à elle seule, guider une génération entière de locuteurs francophones hors des méandres de la semi-littératie?
Petit fait amusant : le terme «littératie» est un anglicisme. Merci, Robert!
Je pense qu'il faut une réelle transformation de l'approche vis-à-vis les exigences linguistiques à la fois au niveau scolaire et postsecondaire si on veut espérer un véritable changement et l'amélioration durable de la capacité des francophones d'ici à maîtriser leur langue. C’est ce qui semble être l'enjeu fondamental. L'UdeM seule ne peut pas accomplir ce miracle, le système scolaire seul n'y arrivera pas non plus; c'est pour ça qu'il est important de parler de l’éducation comme d'un projet de société parce qu'en bout de ligne (et en début de ligne, tant qu'à ça), c'est la collectivité acadienne et francophone du N-B qui tirera le plus grand bénéfice de l'amélioration de la qualité de la langue (et de la perpétuation du français). Or ici encore, que fait-on de la clientèle internationale de l’Université de Moncton? Comment s’inscrit-elle dans la mission de l’Université dans une perspective linguistique? L’argument culturel s’applique-t-il? La mission de l’Université envers la collectivité acadienne demeure-t-elle pertinente? Le mot «acadienne» est-il le bon? Qui va me crucifier pour avoir osé poser cette question?
Tant d’interrogations surgissent!
C'est un enjeu culturel, linguistique, politique et social… qui déborde largement le domaine universitaire. Oui, l'UdeM a été créée, quelque part, pour affronter cet enjeu, mais on ne peut pas avoir d'espoir réaliste qu'elle réussira, seule, à changer la situation actuelle. Cependant, et le travail du CLF le démontre, l’UdeM a su reconnaître que l’inaction n’est pas une option dans ce dossier.
Nous vous encourageons conséquemment de répondre au sondage.
L’Université de Moncton, je ne vous l’apprend pas, a été récemment aux prises avec de fortes critiques à l’égard de la qualité du français chez ses étudiant(e)s et ses diplômé(e)s. Le tout à débuté comme une guerre de clochers entre profs (comme c’est souvent le cas) qui a débordé dans les médias, puis s’est étendue au reste de la communauté. La FÉÉCUM n’a pas été exempte, mais en bout de ligne des actions ont été entreprises pour régler le problème que nous avions soulevé au sein de cette controverse (Info-FÉÉCUM), et qui touchait aux droits des étudiant(e)s plutôt qu’ à la question de la qualité de la langue.
Mais cette question demeure. C’est pourquoi le Conseil de la langue française de l’UdeM soumet actuellement à l’opinion de la communauté universitaire des trois campus son projet de nouvelles exigences linguistiques (CLF).
En gros, il est proposé d’établir des normes plus strictes en ce qui a trait à la correction de la langue écrite dans les travaux universitaires. Cela s’opère spécifiquement afin d’encourager les étudiants et étudiantes à châtier un tantinet leur langue, de l’avis de tous dépossédée de ses glorieux atours d’antan, voire de l’élan bucolique que lui insufflaient jadis nos aïeux par les lyriques envolées de leurs vertueuses déclamations.
Nonobstant axiomatique tergiverse parcimonieux.
La proposition du CLF inclut trois options : une raisonnable mais molle, l’autre un peu plus salée mais encore réalisable, et une troisième plutôt extrême. Cela porte à croire que l’on sache d’emblée laquelle sera retenue, mais qu’on les présente toutes pour satisfaire les critiques. À vous d’en juger, les voici :
1) Pénalité d’une seule lettre pour les travaux faits à la maison;
2) Comme la proposition 1), mais en y ajoutant les examens;
3) Pénalité maximale d’une lettre (travaux et examens) pour les cours de niveau 1000 et 2000; de deux lettres pour les niveaux 3000 et 4000; et de trois lettres pour les cours de niveau 5000.
Peu importe l'option qui sera choisie en bout de ligne, il y a un problème (allez aux toilettes maintenant, parce que ça va être long):
Si les travaux sont notés différemment des examens (option 1), peut-on dire que la note finale reflète le niveau de maîtrise de la langue? Il demeure que cela semble être la meilleure option, en ayant un impact potentiel sur les notes (ce qui forcera au moins une relecture attentive), sans forcément mettre la réussite en péril. Suivant cette option, les étudiant(e)s doivent surtout savoir utiliser la quantité d'outils accessibles pour améliorer leur expression écrite. On peut croire qu’une certaine proportion d’étudiant(e)s verra ses notes en souffrir, mais si un réel effort est déployé tant au niveau de la langue que du contenu, tout le monde devrait pouvoir s’en tirer relativement bien
Donc, il s’agit de l’option qui causera le moins de heurts, tout en entretenant l’idée que l’Université agit pour redresser la situation. C’est pourquoi j’imagine que ce sera probablement celle qui sera retenue et appliquée en bout de ligne. Mais c’est plutôt mou.
Si tous les travaux (incluant les examens en classe) sont soumis à des exigences linguistiques pouvant retrancher une lettre de la note finale (option 2), il risque d’y avoir plus de conséquences immédiates et directes pour les étudiant(e)s.
En fait, deux choses risquent de se produire : soit ceux et celles qui connaissent déjà des difficultés face au contenu du cours verront leurs chances de succès s’amoindrir, soit les profs vont corriger moins strictement pour éviter que cela se produise. J'ai vu cela arriver, tant comme étudiant que comme correcteur: il n'y a aucune raison de croire que cela sera différent en présence d'exigences plus sévères. Vous avez peut-être déjà eu un prof qui a majoré la note d’un test ou d’un travail quand la moyenne de la classe est trop basse ou le taux d’échec anormalement élevé? Ça pourrait arriver plus souvent, et finalement on n’aura aucunement travaillé pour régler le problème, qui est d'améliorer la qualité de la langue.
Et puis, la question de la qualité de la langue chez les professeurs se pose également : est-ce que tous ont la capacité de refléter ces exigences linguistiques dans leur pratique professionnelle, tant au niveau de l’enseignement que de la correction? Et cela, c’est encore sans parler de la problématique potentielle quand la correction des travaux d’un même cours peut être affectée à un(e) ou plusieurs correcteurs ou correctrices, dont les compétences linguistiques peuvent également varier, malgré le soin apporté dans la sélection de ces individus.
Enfin, si les exigences deviennent plus (et aussi) sévères dans les cours 3000, 4000 et 5000 (option 3), les moyennes cumulatives pourraient bien chuter et ce n'est pas dans l'intérêt des étudiant(e)s, dans la perspective de passer au 2e ou 3e cycle, ou même d'entrer sur un marché du travail très compétitif. Plus de rigueur dans leurs travaux venant de ces étudiant(e)s est une attente raisonnable, mais la transition pourrait s’avérer extrêmement difficile pour les premiers groupes qui y seraient soumis.
On imagine que les nouvelles exigences seront appliquées à partir de la 1ère année d'une cohorte donnée (et des suivantes bien sûr). C’est la manière logique de procéder en vue d’une transformation durable. Et encore là, ce serait injuste pour cette cohorte puisque tous les étudiants plus avancés (incluant certains suivant les mêmes cours au même moment, et possiblement dans les mêmes classes) en seraient exemptés. D’ailleurs, ça ne serait pas plus évident pour les professeurs qui enseignent des cours se classant dans plus d’une catégorie au niveau des exigences, et encore moins pour les correcteurs.
Malgré l'importance du français dans la mission de l'Université, est-il sage de la faire primer (dans le contexte où trois lettres peuvent être retranchées) sur les compétences acquises en vertu des programmes universitaires; un(e) étudiant(e) peut être extrêmement compétent(e) dans son domaine, même si la qualité de son français écrit laisse à désirer. Et malheureusement l'anglais demeure, dans bien des domaines, la langue la plus importante à maîtriser même pour ceux et celles qui auront étudié en français.
La proposition du CLF soulève donc une masse de questions. En clair, la proposition 1 semble la seule qui ait une réelle chance de fonctionner. Pensez-en ce que vous voudrez, mais malgré l'importance du français dans la mission de l'UdeM, elle demeure une université; et la valeur d'un diplôme universitaire devrait être axée sur les compétences universelles et transférables qui y sont acquises; c'est injuste pour l'étudiant(e) de voir sa moyenne cumulative souffrir à cause de ses compétences linguistiques, aussi insuffisantes soient-elles. Après tout, rien ne garantit à l’étudiant(e) diplômé(e) de l’UdeM que son milieu de travail sera francophone.
Mais, ici encore, les choses sont infiniment plus complexes.
Par exemple, la langue n’est pas qu’un outil de communication; c’en est également un de compréhension. Or, comprendre le contenu de n’importe quel cours est une condition sine qua non de la réussite, ne diriez-vous pas? En ce sens, la compétence linguistique est déjà enchâssée dans l’expérience universitaire, peu importe les standards officiels qui y sont appliqués.
Tout cela étant dit, les exigences méritent sans doute d’être plus sévères dans certains domaines que d'autres, et que la proposition 1 ne serait peut-être pas suffisante pour EDUC, LING, FRAN, LITT, ICOM, HIST, SCPO, ou TRAD et d’autres encore, bref les domaines où la langue française est l'instrument de travail principal. Mais en sciences, en administration ou en génie? Je ne suis pas convaincu. Encore là, la question de la justice versus l’objectif versus la pertinence des exigences linguistiques (c’est une dialectique mexicaine!) se pose. Une autre question s’ajoute : l’UdeM peut-elle, à elle seule, guider une génération entière de locuteurs francophones hors des méandres de la semi-littératie?
Petit fait amusant : le terme «littératie» est un anglicisme. Merci, Robert!
Je pense qu'il faut une réelle transformation de l'approche vis-à-vis les exigences linguistiques à la fois au niveau scolaire et postsecondaire si on veut espérer un véritable changement et l'amélioration durable de la capacité des francophones d'ici à maîtriser leur langue. C’est ce qui semble être l'enjeu fondamental. L'UdeM seule ne peut pas accomplir ce miracle, le système scolaire seul n'y arrivera pas non plus; c'est pour ça qu'il est important de parler de l’éducation comme d'un projet de société parce qu'en bout de ligne (et en début de ligne, tant qu'à ça), c'est la collectivité acadienne et francophone du N-B qui tirera le plus grand bénéfice de l'amélioration de la qualité de la langue (et de la perpétuation du français). Or ici encore, que fait-on de la clientèle internationale de l’Université de Moncton? Comment s’inscrit-elle dans la mission de l’Université dans une perspective linguistique? L’argument culturel s’applique-t-il? La mission de l’Université envers la collectivité acadienne demeure-t-elle pertinente? Le mot «acadienne» est-il le bon? Qui va me crucifier pour avoir osé poser cette question?
Tant d’interrogations surgissent!
C'est un enjeu culturel, linguistique, politique et social… qui déborde largement le domaine universitaire. Oui, l'UdeM a été créée, quelque part, pour affronter cet enjeu, mais on ne peut pas avoir d'espoir réaliste qu'elle réussira, seule, à changer la situation actuelle. Cependant, et le travail du CLF le démontre, l’UdeM a su reconnaître que l’inaction n’est pas une option dans ce dossier.
Nous vous encourageons conséquemment de répondre au sondage.
lundi 21 octobre 2013
Coupe FÉÉCUM: Les dieux n'étaient pas avec la Course folle
Vendredi dernier se déroulait la Course folle, 2e épreuve de la Coupe FÉÉCUM, une course à obstacle à travers le campus qui, annuellement, rend la vie difficile aux participants. Mais rarement autant que cette année. Pour une raison ou une autre - et il faut en rire pour ne pas pleurer - des éléments hors de tout contrôle ont fait de leur mieux pour ajouter à la difficulté, pour ne pas dire complètement dérouter l'événement! Tout d'abord, la météo était atroce, au mieux maussade, au pire comme être sous l'eau. Ensuite, une initiative récente pour les employés de l'Université, un rallye vaguement basé sur l'Amazing Race, a brouillé les cartes pour nos équipes. Plusieurs se sont laissé distraire par des indices et activités destinés à cette course-LÀ! (Leurs enveloppes n'avaient pas été enlevées depuis l'activité qui était le jour précédent.) Et on ajoute à la confusion quand nous avons envoyé les joueurs à un indice en ligne, mais au lieu de voir ceci...
...les équipes se sont frappées à un site qui avait « crashé »! GAHHHH!!!! Deux personnes ont perdu leurs clés, une son téléphone (rendu par une autre équipe), et une sa semelle de soulier! Et ce n'est pas toutes les équipes qui ont pus se rendre à la ligne d'arrivée! L'équipe de Droit dû quitter le parcours avant la fin quand leur retard accumulé est devenu écrasant, citant d'autres obligations. (Historiquement, la 2e fois que ça arrive à cette équipe.)
Après cette course qui mis au défi l'endurance, la patience (oh que oui!), l'adresse, le sens de l'observation, la logique, la force, la vitesse, les réflexes et même l'entre-gens de nos compétiteurs... C'est l'équipe de la Faculté d'Administration qui franchie la ligne d'arrivée en premier, grâce à une bonne longueur d'avance pas mal tout le long. Ses quatre membres remportent ainsi un voyage à Montréal gracieuseté de CD Tours et du Bureau-voyage étudiant Le Mondial, et plus d'une centaine de points, ce qui les fait monter de 4 positions à la 3e (à 2 petits points des MAUI), bien que l'équipe d'Athlétisme, première à la 1e épreuve et 2e cette fois-ci, garde pour l'instant sa première position au classement cumulatif.
L'ordre d'arrivée :
1. Administration
2. Athlétisme
3. MAUI
4. Génie
5. Éducation
7. Kiné-Récro (à cause d'une pénalité)
10. Droit (pénalisée pour ne pas avoir complété le parcours)
Oui, ça été dur, mais LE PLUS DIFFICILE EST PASSÉ! Au mois de novembre, nos équipes participeront à un Trivia d'observation ce qui devrait être pas mal « chill» à comparé. On se voit là!
...les équipes se sont frappées à un site qui avait « crashé »! GAHHHH!!!! Deux personnes ont perdu leurs clés, une son téléphone (rendu par une autre équipe), et une sa semelle de soulier! Et ce n'est pas toutes les équipes qui ont pus se rendre à la ligne d'arrivée! L'équipe de Droit dû quitter le parcours avant la fin quand leur retard accumulé est devenu écrasant, citant d'autres obligations. (Historiquement, la 2e fois que ça arrive à cette équipe.)
Après cette course qui mis au défi l'endurance, la patience (oh que oui!), l'adresse, le sens de l'observation, la logique, la force, la vitesse, les réflexes et même l'entre-gens de nos compétiteurs... C'est l'équipe de la Faculté d'Administration qui franchie la ligne d'arrivée en premier, grâce à une bonne longueur d'avance pas mal tout le long. Ses quatre membres remportent ainsi un voyage à Montréal gracieuseté de CD Tours et du Bureau-voyage étudiant Le Mondial, et plus d'une centaine de points, ce qui les fait monter de 4 positions à la 3e (à 2 petits points des MAUI), bien que l'équipe d'Athlétisme, première à la 1e épreuve et 2e cette fois-ci, garde pour l'instant sa première position au classement cumulatif.
L'ordre d'arrivée :
1. Administration
2. Athlétisme
3. MAUI
4. Génie
5. Éducation
7. Kiné-Récro (à cause d'une pénalité)
10. Droit (pénalisée pour ne pas avoir complété le parcours)
Oui, ça été dur, mais LE PLUS DIFFICILE EST PASSÉ! Au mois de novembre, nos équipes participeront à un Trivia d'observation ce qui devrait être pas mal « chill» à comparé. On se voit là!
vendredi 18 octobre 2013
Revue de presse du 7 au 18 octobre
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Un peu à l’image des emballages spéciaux de l’Halloween, on vous fait un spécial 2 pour 1 sur les nouvelles cette semaine, allez hop!
Il y a deux semaines, pendant que s’estompait –bruyamment- la colère à l’égard des conditions de retraite d’Yvon Fontaine (voir la lettre de Marie-Noëlle Ryan, présidente de l’ABPPUM, dans l’Acadie Nouvelle du 5 octobre, en p. 17, et la réaction d’un groupe de profs de SCPO dans celle du 11 octobre, en p. 19), les étudiants internationaux de l’UdeM mettaient à exécution leur menace de boycotter la Soirée internationale. On parle d’un geste éloquent : l’AÉÉIUM force, à toutes fins pratiques, l’annulation de la Soirée internationale en guise de contestation de la hausse de 999$ qui leur a été imposée le printemps dernier (L’Acadie Nouvelle).
Ironiquement, peut-être, les Caisses populaires acadiennes ouvraient la même semaine un centre de service sur le campus de l’Université de Moncton, pour «séduire une jeune clientèle» (Radio-Canada). Il demeure que la présence des Caisses en remplacement de la Banque nationale semble un choix logique de partenariat pour notre institution.
Toujours à l’UdeM, un partenariat a été mis en place par le gouvernement provincial avec le secteur privé et les universités pour faciliter l’exportation de produits fabriqués au N-B. C’est l’entreprise Fenêtres Nordist, de Shippagan, qui bénéficiera de l’aide de l’UdeM pour développer de nouveaux marchés dans le sud des Etats-Unis et en Amérique du Sud (Radio-Canada). UNB est également impliquée dans ce partenariat. Vous voyez, il y a encore de l’espoir : on a pas forcément besoin de savoir bâtir des pipelines pour savoir à qui les vendre et comment…
Et juste à côté d’UNB, il y a eu réaction officielle de l’AÉNB quant à l’augmentation des droits de scolarité à STU qui a, je vous le rappelle, dépassé les montants recommandés par le gouvernement provincial le printemps dernier (The Argosy). Pat Joyce, président de l’AÉNB, trouve inquiétant que STU ait pu ignorer les recommandations du gouvernement en toute impunité, ce qui peut créer un précédent dangereux dans notre province. Toutes des choses qu’on a déjà dites en mai dernier (Info-FÉÉCUM), quand c’était pertinent de le faire. Foi de quoi, ce que l’AÉNB fait supposément pour les étudiants du N-B, on est capables de le faire mieux tout seuls, et drôlement plus vite, en plus!
Saviez-vous que Gabriel Nadeau-Dubois a lancé dernièrement un livre faisant état de ses réflexions sur le mouvement étudiant du printemps érable? Son bouquin, intitulé Tenir tête, est «une charge antilibérale» de l’aveu de l’auteur lui-même (Le Devoir). Lancé le 10 octobre chez LUX Éditeur, il constitue sans aucun doute une lecture fort intéressante. Disponible sur le site web de LUX au http://www.luxediteur.com/gnd, au coût de 19,95$.
Passons à la semaine du 14-18 octobre. Ha. 14-18.
Eh bien, cette semaine au nom équivoque s’est déroulée –c’est presque approprié- sur la trame d’un conflit né de la poudrière qu’est devenue la question de l’exploitation du gaz de schiste dans la province. D’un côté, SWN Resources et la GRC, de l’autre, les manifestants anti-exploitation. Au «milieu», comme la tumbleweed dans le chemin entre les deux adversaires, le gouvernement Alward, qui va où le porte le vent sans avoir autre chose à offrir lui-même, que du vent.
J’avais un vilain pressentiment que cette affaire finirait par se gâter (Info-FÉÉCUM), du moment où SWN a obtenu une injonction contre les manifestants, que personne ne semblait vouloir –ou pouvoir- leur servir. Finalement, SWN a fait paraître l’injonction dans les journaux imprimés par Irving, en espérant que la première chose que faisaient les manifestants le matin en se levant était de lire leur journal.
Ben voyons donc!
Ça n’a pas marché, et le 17 au matin la GRC est arrivée sur place avec fusils, chiens, boucliers et camouflage pour mettre fin au blocus. C’était un peu brutal, mais au moins ça a le mérite d’être clair. Les médias, tenus à l’écart, nous ont servi plusieurs récits assez semblables de l’échauffourée (tapez «Rexton» dans n’importe quel site des grands médias d’information, même La Presse en parlait!), au cours de laquelle cinq voitures de police ont été incendiées. Mais je vous invite à lire le compte-rendu de Miles Howe, de la Halifax Media Co-op, qui a vécu le tout du côté des manifestants (Halifax Media Co-op). Ce dernier, présent sur les lieux dès le début de l’occupation, a été parmi les quelques 40 individus arrêtés par la GRC au cours de l’affrontement. Une autre lecture intéressante, pour le moins dire.
Ça a bardé. Mais –heureusement- pas de morts ni de blessés sérieux (well, pas de blessures physiques en tout cas) d’un côté ni de l’autre. On apprend ce matin dans l’Acadie Nouvelle, par contre, que le campement des opposants est encore là où la GRC l’a trouvé vendredi, à quelques exceptions près (L’Acadie Nouvelle).
Et entre temps, le 15 octobre, se tenait à l’UdeM une table ronde sur l’exploitation du gaz de schiste, d’où émane un consensus voulant que l’information probante sur l’industrie (dans une perspective autant économique qu’environnementale) manque encore pour justifier l’exploitation de la ressource dans notre province (L’Acadie Nouvelle).
Alors voilà, c’est tout pour…. Ah! J’oubliais Brian Gallant!
Gallant, chef du parti libéral du N-B, a déclaré qu’il abolirait la contribution parentale du calcul de l’aide financière si son gouvernement était porté au pouvoir lors des prochaines élections (L’Acadie Nouvelle, 18 octobre, p. 18, et sur le site officiel du parti libéral). Cet engagement fait écho à ses propos lors de notre récent sommet sur l’éducation. Serait-ce la pointe d’un iceberg?
On l’espère (dans le sens français comme acadien du terme), Brian.
Un peu à l’image des emballages spéciaux de l’Halloween, on vous fait un spécial 2 pour 1 sur les nouvelles cette semaine, allez hop!
Il y a deux semaines, pendant que s’estompait –bruyamment- la colère à l’égard des conditions de retraite d’Yvon Fontaine (voir la lettre de Marie-Noëlle Ryan, présidente de l’ABPPUM, dans l’Acadie Nouvelle du 5 octobre, en p. 17, et la réaction d’un groupe de profs de SCPO dans celle du 11 octobre, en p. 19), les étudiants internationaux de l’UdeM mettaient à exécution leur menace de boycotter la Soirée internationale. On parle d’un geste éloquent : l’AÉÉIUM force, à toutes fins pratiques, l’annulation de la Soirée internationale en guise de contestation de la hausse de 999$ qui leur a été imposée le printemps dernier (L’Acadie Nouvelle).
Ironiquement, peut-être, les Caisses populaires acadiennes ouvraient la même semaine un centre de service sur le campus de l’Université de Moncton, pour «séduire une jeune clientèle» (Radio-Canada). Il demeure que la présence des Caisses en remplacement de la Banque nationale semble un choix logique de partenariat pour notre institution.
Toujours à l’UdeM, un partenariat a été mis en place par le gouvernement provincial avec le secteur privé et les universités pour faciliter l’exportation de produits fabriqués au N-B. C’est l’entreprise Fenêtres Nordist, de Shippagan, qui bénéficiera de l’aide de l’UdeM pour développer de nouveaux marchés dans le sud des Etats-Unis et en Amérique du Sud (Radio-Canada). UNB est également impliquée dans ce partenariat. Vous voyez, il y a encore de l’espoir : on a pas forcément besoin de savoir bâtir des pipelines pour savoir à qui les vendre et comment…
Et juste à côté d’UNB, il y a eu réaction officielle de l’AÉNB quant à l’augmentation des droits de scolarité à STU qui a, je vous le rappelle, dépassé les montants recommandés par le gouvernement provincial le printemps dernier (The Argosy). Pat Joyce, président de l’AÉNB, trouve inquiétant que STU ait pu ignorer les recommandations du gouvernement en toute impunité, ce qui peut créer un précédent dangereux dans notre province. Toutes des choses qu’on a déjà dites en mai dernier (Info-FÉÉCUM), quand c’était pertinent de le faire. Foi de quoi, ce que l’AÉNB fait supposément pour les étudiants du N-B, on est capables de le faire mieux tout seuls, et drôlement plus vite, en plus!
Saviez-vous que Gabriel Nadeau-Dubois a lancé dernièrement un livre faisant état de ses réflexions sur le mouvement étudiant du printemps érable? Son bouquin, intitulé Tenir tête, est «une charge antilibérale» de l’aveu de l’auteur lui-même (Le Devoir). Lancé le 10 octobre chez LUX Éditeur, il constitue sans aucun doute une lecture fort intéressante. Disponible sur le site web de LUX au http://www.luxediteur.com/gnd, au coût de 19,95$.
Passons à la semaine du 14-18 octobre. Ha. 14-18.
Eh bien, cette semaine au nom équivoque s’est déroulée –c’est presque approprié- sur la trame d’un conflit né de la poudrière qu’est devenue la question de l’exploitation du gaz de schiste dans la province. D’un côté, SWN Resources et la GRC, de l’autre, les manifestants anti-exploitation. Au «milieu», comme la tumbleweed dans le chemin entre les deux adversaires, le gouvernement Alward, qui va où le porte le vent sans avoir autre chose à offrir lui-même, que du vent.
J’avais un vilain pressentiment que cette affaire finirait par se gâter (Info-FÉÉCUM), du moment où SWN a obtenu une injonction contre les manifestants, que personne ne semblait vouloir –ou pouvoir- leur servir. Finalement, SWN a fait paraître l’injonction dans les journaux imprimés par Irving, en espérant que la première chose que faisaient les manifestants le matin en se levant était de lire leur journal.
Ben voyons donc!
Ça n’a pas marché, et le 17 au matin la GRC est arrivée sur place avec fusils, chiens, boucliers et camouflage pour mettre fin au blocus. C’était un peu brutal, mais au moins ça a le mérite d’être clair. Les médias, tenus à l’écart, nous ont servi plusieurs récits assez semblables de l’échauffourée (tapez «Rexton» dans n’importe quel site des grands médias d’information, même La Presse en parlait!), au cours de laquelle cinq voitures de police ont été incendiées. Mais je vous invite à lire le compte-rendu de Miles Howe, de la Halifax Media Co-op, qui a vécu le tout du côté des manifestants (Halifax Media Co-op). Ce dernier, présent sur les lieux dès le début de l’occupation, a été parmi les quelques 40 individus arrêtés par la GRC au cours de l’affrontement. Une autre lecture intéressante, pour le moins dire.
Ça a bardé. Mais –heureusement- pas de morts ni de blessés sérieux (well, pas de blessures physiques en tout cas) d’un côté ni de l’autre. On apprend ce matin dans l’Acadie Nouvelle, par contre, que le campement des opposants est encore là où la GRC l’a trouvé vendredi, à quelques exceptions près (L’Acadie Nouvelle).
Et entre temps, le 15 octobre, se tenait à l’UdeM une table ronde sur l’exploitation du gaz de schiste, d’où émane un consensus voulant que l’information probante sur l’industrie (dans une perspective autant économique qu’environnementale) manque encore pour justifier l’exploitation de la ressource dans notre province (L’Acadie Nouvelle).
Alors voilà, c’est tout pour…. Ah! J’oubliais Brian Gallant!
Gallant, chef du parti libéral du N-B, a déclaré qu’il abolirait la contribution parentale du calcul de l’aide financière si son gouvernement était porté au pouvoir lors des prochaines élections (L’Acadie Nouvelle, 18 octobre, p. 18, et sur le site officiel du parti libéral). Cet engagement fait écho à ses propos lors de notre récent sommet sur l’éducation. Serait-ce la pointe d’un iceberg?
On l’espère (dans le sens français comme acadien du terme), Brian.
mardi 15 octobre 2013
mercredi 9 octobre 2013
Débat sur l'éducation lors du Forum citoyen sur l'éducation 2013
Le 25 septembre dernier, quatre leaders politiques du Nouveau-Brunswick se sont prêtés à l'exercice d'un débat sur les enjeux entourant l'éducation (dans le sens large) lors de notre Forum citoyen sur l'éducation au N.-B. Nous sommes finalement en mesure de vous présenter la vidéo du débat. Nous remercions la modératrice, Jeanne d'Arc Gaudet, et les participants Marie-Claude Blais (ministre de l'éducation, PC), Dominic Cardy (chef, NPD), David Coon (chef, Vert), et Brian Gallant (chef, Lib.). Le débat est divisé en 8 courtes vidéos, soit les présentations initiales et finales et chaque question. Le montage n'a éliminé que les mouvements de caméra d'une personne à l'autre et les moments où un chef aurait passé la parole à un.e autre quand on lui aurait donné parole.
Coupe FÉÉCUM : Êtes-vous prêts pour la Course Folle?
C'est depuis les tout débuts de la Coupe FÉÉCUM, il y a 9 ans, que la course à obstacle sur le campus que l'on appelle « l'Amazing Race » en est une composante. Cette année aussi, mais l'événement s'intitulera dorénavant « La Course Folle » par respect envers notre nouvelle politique linguistique qui favorise les noms d'activité en français.
Le nom change, mais la compétition ne change pas. Encore une fois cette année, diverses équipes de quatre, représentant facultés, groupes étudiants, départements, résidences et équipes sportives (selon les inscriptions, ouvertes jusqu'à mercredi prochain), se lanceront sur le campus, d'indice en indice, de défi en défi, afin non seulement de remporter des points au cumulatif de la Coupe FÉÉCUM, mais aussi un voyage pour quatre gracieuseté du bureau-voyage étudiant Le Mondial et CD Tours. Ce voyage est à Montréal cette année, pour éviter les problèmes de passeport que certains gagnants de tels voyages à New York l'an dernier ont subis.
Tout ça pour dire, réservez votre vendredi après-midi du 18 octobre pour une compétition qui fera le tour du campus et le tour de vos habiletés - vitesse, intelligence, perception, force, entre-gens, travail d'équipe, patience et plus encore!
ET C'EST IMPORTANT DE SE SOUVENIR que l'on n'a pas besoin d'avoir participé à la première épreuve de la Coupe FÉÉCUM le mois dernier pour participer à celle-ci!
Voir les Règlements. S'inscrire en écrivant au comfee@umoncton.ca.
Le nom change, mais la compétition ne change pas. Encore une fois cette année, diverses équipes de quatre, représentant facultés, groupes étudiants, départements, résidences et équipes sportives (selon les inscriptions, ouvertes jusqu'à mercredi prochain), se lanceront sur le campus, d'indice en indice, de défi en défi, afin non seulement de remporter des points au cumulatif de la Coupe FÉÉCUM, mais aussi un voyage pour quatre gracieuseté du bureau-voyage étudiant Le Mondial et CD Tours. Ce voyage est à Montréal cette année, pour éviter les problèmes de passeport que certains gagnants de tels voyages à New York l'an dernier ont subis.
Tout ça pour dire, réservez votre vendredi après-midi du 18 octobre pour une compétition qui fera le tour du campus et le tour de vos habiletés - vitesse, intelligence, perception, force, entre-gens, travail d'équipe, patience et plus encore!
ET C'EST IMPORTANT DE SE SOUVENIR que l'on n'a pas besoin d'avoir participé à la première épreuve de la Coupe FÉÉCUM le mois dernier pour participer à celle-ci!
Voir les Règlements. S'inscrire en écrivant au comfee@umoncton.ca.
vendredi 4 octobre 2013
Quand le schiste frappe la fan
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Hé bien décidément, le coin de Rexton est en ébullition ces temps-ci : vous avez sans doute entendu que les protestations contre l’exploitation du gaz de schiste (et spécifiquement contre la conduite de tests par la gazière SWN Resources) se poursuivent sans montrer de signes de ralentissement.
Et ce, malgré une injonction obtenue par SWN hier, et livrée aux manifestants en début de soirée le 3 octobre. En peu de mots, l’injonction ordonne aux manifestants de céder le passage aux camions de SWN - qu’ils gardent pour le moment bloqués sur place près de la Route 134 - et de limiter leur opposition à des affiches.
L’injonction a été ouvertement défiée par James Pictou, le général en chef des gardiens de la paix de la Société des guerriers micmacs (Acadie Nouvelle), qui a plus ou moins invité les agents de la GRC à passer sur son cadavre s’ils comptent le déloger d’où il se trouve.
La présence des Guerriers sur le site des manifestations contre SWN s’explique par la forte majorité d’Autochtones parmi les manifestants, qui campent en permanence près des barricades élevées sur la route 134 depuis le 30 septembre.
Les manifestations sont demeurées, jusqu’ici, tout à fait pacifiques.
Cependant, même si le but est unique (soit l’expulsion permanent de SWN et de toute autre compagnie d’exploration) les revendications ne sont pas toutes de même source : pour les manifestants non-autochtones, c’est principalement la préservation de la nature sauvage et la protection des nappes d’eau souterraines qui motivent l’opposition à l’exploitation du gaz de schiste. Du côté des Autochtones, là où le bât blesse, c’est le non-respect des traités par le gouvernement. Sur fond de préservation des terres ancestrales, s’entend.
Là question fondamentale est la suivante : qui administre le territoire? Le 1er octobre le chef de la Première Nation d’Elsipogtog a fait parvenir au gouvernement un avis d’intendance sur les terres de la Couronne de la région de Rexton, qui sont également des territoires ancestraux micmacs. Selon le chef Arren Sock, il revient aux Premières Nations d’administrer ce territoire, et suivant cette logique il a servi le jour même un avis d’éviction à SWN, accompagné d’un ultimatum les sommant de quitter avant minuit (Radio-Canada), sans quoi les Guerriers les raccompagneraient de force jusqu’à la frontière des Etats-Unis.
Petit problème, les Guerriers n’ont pas été consultés, et Pictou a traité Sock de lâche pour ce geste. Qu’importe, SWN a répondu par le biais d’une injonction le lendemain.
Qu’adviendra-t-il des manifestants désormais? Ils semblent déterminés à demeurer –pacifiquement- sur place pour l’instant, mais les forces policières grossissent et des sorties du type de celle de Pictou à l’endroit de la GRC laissent présager une fin aussi abrupte que mouvementée à toute l’affaire.
Il transpire de tout ceci que, pour les membres des Premières Nations, il en va de plus que la conservation de leurs terres ancestrales; il y a un réel bras-de-fer politique qui s’engage sur la toile de fond de ces manifestations. David Alward, fidèle à son habitude d’être en-dehors du N-B en période de crise, a fait savoir aux manifestants depuis Toronto qu’il n’a aucune intention de les rencontrer tant et aussi longtemps qu’ils enfreindront la loi (Acadie Nouvelle).
C’est-à-dire qu’il ne les rencontrerait que si ils levaient leur «siège». Cela équivaut à négocier en renonçant à leur principal levier politique, pour les Autochtones, et c’est pourquoi le général Pictou s’oppose à l’injonction avec férocité. Il se dit prêt à mourir pour la défense de sa cause –ce qui est peu probable tant que les manifestants demeureront pacifiques. Mais le défi lancé demeure porteur d’ambitions plus larges que le sacrifice individuel, que le repos du guerrier; il incarne un cri d’alarme venant des Premières Nations de partout au pays, qui se sortent de leur torpeur et qui revendiquent activement leurs droits. Ces droits, endormis par les promesses des traités –bafoués à répétition par les gouvernements au nom du développement économique- ne seront-ils réclamés que par le sang?
«C’est un beau jour pour mourir» a déclaré Pictou au matin du 4 octobre.
Le cas de Rexton semble une nouvelle incarnation du dégoût des Premières Nations envers les politiques gouvernementales, et qui s’est manifesté avec force l’an dernier par le mouvement «Idle No More»… qui s’est frappé le nez contre les portes du Parlement et le silence du premier ministre.
La même chose se reproduit ici : Alward choisit d’ignorer le cri d’alarme.
Et pourtant, de l’avis du juriste Serge Rousselle, les Micmacs ont des droits légitimes sur le territoire, ou du moins suffisants pour négocier avec le gouvernement quant à l’exploitation des ressources par SWN (Radio-Canada). En invoquant un titre aborigène (une présence de longue date sur le territoire), les membres des Premières Nations peuvent encourager le gouvernement à s’assoir à la table de négociations. Car s’il y a un doute raisonnable que les actions du gouvernement peuvent porter préjudice aux droits autochtones, ce dernier a l’obligation d’en négocier les conditions.
C’est ça le jeu, ici : le gouvernement a des obligations en vertu des traités et de la jurisprudence, desquels –du point de vue des Autochtones- il se libère en invoquant des mesures judiciaires rendant l’action des manifestants illégale. Les représentants des Premières Nations répliquent en niant la supériorité de l’autorité provinciale sur leurs sdroits ancestraux (CBC), et –du point de vue du gouvernement- en brisant la loi. Je le répète : tant que les manifestations demeureront pacifiques, la GRC ne peut intervenir de façon violente.
Il reste à voir comment, de jour en jour, on va définir «pacifique»…
Hé bien décidément, le coin de Rexton est en ébullition ces temps-ci : vous avez sans doute entendu que les protestations contre l’exploitation du gaz de schiste (et spécifiquement contre la conduite de tests par la gazière SWN Resources) se poursuivent sans montrer de signes de ralentissement.
Et ce, malgré une injonction obtenue par SWN hier, et livrée aux manifestants en début de soirée le 3 octobre. En peu de mots, l’injonction ordonne aux manifestants de céder le passage aux camions de SWN - qu’ils gardent pour le moment bloqués sur place près de la Route 134 - et de limiter leur opposition à des affiches.
L’injonction a été ouvertement défiée par James Pictou, le général en chef des gardiens de la paix de la Société des guerriers micmacs (Acadie Nouvelle), qui a plus ou moins invité les agents de la GRC à passer sur son cadavre s’ils comptent le déloger d’où il se trouve.
La présence des Guerriers sur le site des manifestations contre SWN s’explique par la forte majorité d’Autochtones parmi les manifestants, qui campent en permanence près des barricades élevées sur la route 134 depuis le 30 septembre.
Les manifestations sont demeurées, jusqu’ici, tout à fait pacifiques.
Cependant, même si le but est unique (soit l’expulsion permanent de SWN et de toute autre compagnie d’exploration) les revendications ne sont pas toutes de même source : pour les manifestants non-autochtones, c’est principalement la préservation de la nature sauvage et la protection des nappes d’eau souterraines qui motivent l’opposition à l’exploitation du gaz de schiste. Du côté des Autochtones, là où le bât blesse, c’est le non-respect des traités par le gouvernement. Sur fond de préservation des terres ancestrales, s’entend.
Là question fondamentale est la suivante : qui administre le territoire? Le 1er octobre le chef de la Première Nation d’Elsipogtog a fait parvenir au gouvernement un avis d’intendance sur les terres de la Couronne de la région de Rexton, qui sont également des territoires ancestraux micmacs. Selon le chef Arren Sock, il revient aux Premières Nations d’administrer ce territoire, et suivant cette logique il a servi le jour même un avis d’éviction à SWN, accompagné d’un ultimatum les sommant de quitter avant minuit (Radio-Canada), sans quoi les Guerriers les raccompagneraient de force jusqu’à la frontière des Etats-Unis.
Petit problème, les Guerriers n’ont pas été consultés, et Pictou a traité Sock de lâche pour ce geste. Qu’importe, SWN a répondu par le biais d’une injonction le lendemain.
Qu’adviendra-t-il des manifestants désormais? Ils semblent déterminés à demeurer –pacifiquement- sur place pour l’instant, mais les forces policières grossissent et des sorties du type de celle de Pictou à l’endroit de la GRC laissent présager une fin aussi abrupte que mouvementée à toute l’affaire.
Il transpire de tout ceci que, pour les membres des Premières Nations, il en va de plus que la conservation de leurs terres ancestrales; il y a un réel bras-de-fer politique qui s’engage sur la toile de fond de ces manifestations. David Alward, fidèle à son habitude d’être en-dehors du N-B en période de crise, a fait savoir aux manifestants depuis Toronto qu’il n’a aucune intention de les rencontrer tant et aussi longtemps qu’ils enfreindront la loi (Acadie Nouvelle).
C’est-à-dire qu’il ne les rencontrerait que si ils levaient leur «siège». Cela équivaut à négocier en renonçant à leur principal levier politique, pour les Autochtones, et c’est pourquoi le général Pictou s’oppose à l’injonction avec férocité. Il se dit prêt à mourir pour la défense de sa cause –ce qui est peu probable tant que les manifestants demeureront pacifiques. Mais le défi lancé demeure porteur d’ambitions plus larges que le sacrifice individuel, que le repos du guerrier; il incarne un cri d’alarme venant des Premières Nations de partout au pays, qui se sortent de leur torpeur et qui revendiquent activement leurs droits. Ces droits, endormis par les promesses des traités –bafoués à répétition par les gouvernements au nom du développement économique- ne seront-ils réclamés que par le sang?
«C’est un beau jour pour mourir» a déclaré Pictou au matin du 4 octobre.
Le cas de Rexton semble une nouvelle incarnation du dégoût des Premières Nations envers les politiques gouvernementales, et qui s’est manifesté avec force l’an dernier par le mouvement «Idle No More»… qui s’est frappé le nez contre les portes du Parlement et le silence du premier ministre.
La même chose se reproduit ici : Alward choisit d’ignorer le cri d’alarme.
Et pourtant, de l’avis du juriste Serge Rousselle, les Micmacs ont des droits légitimes sur le territoire, ou du moins suffisants pour négocier avec le gouvernement quant à l’exploitation des ressources par SWN (Radio-Canada). En invoquant un titre aborigène (une présence de longue date sur le territoire), les membres des Premières Nations peuvent encourager le gouvernement à s’assoir à la table de négociations. Car s’il y a un doute raisonnable que les actions du gouvernement peuvent porter préjudice aux droits autochtones, ce dernier a l’obligation d’en négocier les conditions.
C’est ça le jeu, ici : le gouvernement a des obligations en vertu des traités et de la jurisprudence, desquels –du point de vue des Autochtones- il se libère en invoquant des mesures judiciaires rendant l’action des manifestants illégale. Les représentants des Premières Nations répliquent en niant la supériorité de l’autorité provinciale sur leurs sdroits ancestraux (CBC), et –du point de vue du gouvernement- en brisant la loi. Je le répète : tant que les manifestations demeureront pacifiques, la GRC ne peut intervenir de façon violente.
Il reste à voir comment, de jour en jour, on va définir «pacifique»…
Revue de presse du 30 septembre au 4 octobre
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
L’actualité de la semaine à l’U de M se résume en deux mots : Yvon Fontaine. Suite à la divulgation de l’entente de départ à la retraite conclue entre l’ancien recteur et l’Université (Radio-Canada), les réactions sont venue de toutes part, tant pour critiquer (Radio-Canada; CBC) que pour défendre (L’Acadie Nouvelle; Radio-Canada) les sommes remises à Fontaine en remerciement de ses services à l’U de M.
En gros, professeurs comme étudiants comprennent mal comment on peut donner autant dans le contexte actuel où l’on se fait continuellement dire que les fonds manquent et qu’il faut se serrer la ceinture, et l’administration répond que ces ententes font partie des procédures normales dans le monde des affaires, et sont nécessaires pour attirer et retenir les meilleurs candidats possibles.
Il y a eu une intervention intéressante de Gabriel Nadeau-Dubois sur cette question (Radio-Canada), qui questionne la pertinence de gérer les universités à la manière de grandes entreprises, alors qu’elles sont des institutions publiques. Le débat philosophique sur la vocation des universités est très bien circonscrit dans cette brève entrevue, que je vous invite à visionner.
Ailleurs, l’ouragan LaPierre s’essouffle partout sauf à la CBC, sauf pour renaître dans le dossier des manifestations à Rexton, où les opposants demandent que soit révisée l’entente avec SWN, fondée sur les conclusions du rapport LaPierre. Mais lui, y’a juste J.K. Irving pur le défendre (CBC).
Il faut sans doute reconnaître les contributions et le travail de LaPierre, mais le gouvernement a également le devoir de faire ses devoirs s’il souhaite préserver la légitimité des décisions fondées sur le travail du scientifique déchu.
Finalement, l’Étoile nous apprend que les inscriptions sont en hausse au CCNB, et en baisse à l’UdeM, ce que la vice-rectrice Marie-Linda Lord explique en invoquant des raisons démographiques (L’Étoile). Il est vrai que le nombre de finissants francophones a diminué du N-B, et que le tiers de ces derniers, historiquement, s’inscrit à l’UdeM. En revanche, l’engouement renouvelé pour l’apprentissage des métiers, à la lumière des annonces récentes de grands chantiers dans nos régions et de la promotion incessante de l’industrie par le gouvernement fédéral (vous savez, le plan de distraction économique?), expliquerait la hausse des inscriptions au CCNB.
Et voilà, de qui parlera-t-on bien la semaine prochaine?
L’actualité de la semaine à l’U de M se résume en deux mots : Yvon Fontaine. Suite à la divulgation de l’entente de départ à la retraite conclue entre l’ancien recteur et l’Université (Radio-Canada), les réactions sont venue de toutes part, tant pour critiquer (Radio-Canada; CBC) que pour défendre (L’Acadie Nouvelle; Radio-Canada) les sommes remises à Fontaine en remerciement de ses services à l’U de M.
En gros, professeurs comme étudiants comprennent mal comment on peut donner autant dans le contexte actuel où l’on se fait continuellement dire que les fonds manquent et qu’il faut se serrer la ceinture, et l’administration répond que ces ententes font partie des procédures normales dans le monde des affaires, et sont nécessaires pour attirer et retenir les meilleurs candidats possibles.
Il y a eu une intervention intéressante de Gabriel Nadeau-Dubois sur cette question (Radio-Canada), qui questionne la pertinence de gérer les universités à la manière de grandes entreprises, alors qu’elles sont des institutions publiques. Le débat philosophique sur la vocation des universités est très bien circonscrit dans cette brève entrevue, que je vous invite à visionner.
Ailleurs, l’ouragan LaPierre s’essouffle partout sauf à la CBC, sauf pour renaître dans le dossier des manifestations à Rexton, où les opposants demandent que soit révisée l’entente avec SWN, fondée sur les conclusions du rapport LaPierre. Mais lui, y’a juste J.K. Irving pur le défendre (CBC).
Il faut sans doute reconnaître les contributions et le travail de LaPierre, mais le gouvernement a également le devoir de faire ses devoirs s’il souhaite préserver la légitimité des décisions fondées sur le travail du scientifique déchu.
Finalement, l’Étoile nous apprend que les inscriptions sont en hausse au CCNB, et en baisse à l’UdeM, ce que la vice-rectrice Marie-Linda Lord explique en invoquant des raisons démographiques (L’Étoile). Il est vrai que le nombre de finissants francophones a diminué du N-B, et que le tiers de ces derniers, historiquement, s’inscrit à l’UdeM. En revanche, l’engouement renouvelé pour l’apprentissage des métiers, à la lumière des annonces récentes de grands chantiers dans nos régions et de la promotion incessante de l’industrie par le gouvernement fédéral (vous savez, le plan de distraction économique?), expliquerait la hausse des inscriptions au CCNB.
Et voilà, de qui parlera-t-on bien la semaine prochaine?
jeudi 3 octobre 2013
Y a-t-il ou non de l’intimidation à l’U de M?
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Peu à peu, des histoires parviennent à nos yeux et oreilles soutenant l’idée qu’en effet, l’intimidation fait partie de la culture universitaire à Moncton. Intimidation de l’administration envers le corps professoral (on pense par exemple à l’ouvrage de Serge Rousselle, qui nous révèle –sous le couvert de l’anonymat- des pratiques douteuses), du corps professoral envers les étudiants (des plaintes en ce sens filtrent année après année jusqu’à la FÉÉCUM, «mortes au feuilleton» faute d’intention de poursuivre plus loin les démarches), qu’importe : fait-on face à quelques incidents isolés –ou individus problématiques- ou à une pratique généralisée?
Quoi qu’il en soit, nous en demeurons à l’étape de questions : peu de cas d’intimidation se révèlent au grand jour. On peut choisir de croire que c’est parce que de tels événements n’existent que dans l’imagination délurée d’un agent de recherche, soit. Toutefois, on peut également envisager la possibilité que ce silence soit plus révélateur que tout autre signe.
Je vous partage un exemple (caviardé afin de préserver l’anonymat) qui a été traité par la FÉÉCUM, quand nous assurions encore la gestion d’un service de plaintes. Je tire l’exemple de nos archives :
Comment réagir à une telle situation?
La menace –si elle est avérée- de la professeure à l’étudiant est-elle appropriée dans ce contexte particulier? Ça se discute certainement. Absence non motivée, pour sortir 3 minutes avant la fin d’un cours, quand la prof n’est plus en classe depuis plus de 10 minutes? À vous de juger.
Et le zéro automatique au prochain devoir (compilé dans la note finale du cours)… ça sent un peu l’abus de pouvoir, mais encore une fois, libre à vous d’y voir ce que vous voudrez.
Mais le gros problème, ici, et la raison pour laquelle j’ai choisi cet exemple, c’est la situation qui ne touche pas directement le plaignant, c’est à dire l’incident où la prof ridiculise l’étudiante qui a OSÉ remettre en question la méthode de la prof.
Questionner la prof en privé, je vous le souligne, et non devant le groupe. La réponse de Prof X, loin d’être privée, a été très publique.
Et la dernière phrase de la lettre de l’étudiant illustre précisément ce à quoi je me réfère quand je parle d’une culture d’intimidation : «Je ne voudrais pas faillir mon cours étant donné que j’ai eu une confrontation avec Prof X ce matin».
Un projet, un cours, un stage, c’est potentiellement un instrument de pression entre les mains des professeurs. Si la majorité sait s’acquitter de cette responsabilité de manière juste et équitable, certains n’ont pas le même tact et peuvent l’employer dans des desseins égoïstes.
Si le comportement de Prof X dans cet exemple n’est pas de l’intimidation, je ne sais pas ce qui en est. Remarque : l’étudiante humiliée n’a pas pour sa part soumis de plainte concernant cet événement. L’étudiant qui s’est prononcé a lui-même exprimé ses craintes de représailles. L’étudiante aurait eu raison de se plaindre. Aux yeux de la Faculté et de l’Université, ce n’est jamais arrivé. Et si ça n’est jamais arrivé, ça ne peut pas se reproduire : alors Prof X n’a pas à changer sa façon de faire.
Était-ce seulement une «mauvaise journée» pour Prof X? C’est possible. Mais je vous pose la question : cela justifierait-il cette façon d’agir?
À ceux et celles qui me diront qu’il ne s’agit que d’un cas isolé, et qu’un exemple ne constitue pas une preuve d’un problème généralisé je répondrai que nos archives en recèlent d’autres du même genre. De plus, des plaintes «mortes au feuilleton», je vous en passe un papier (caviardé), il y en a; pis encore, ce sont souvent les mêmes.
On peut deviner que, si l’étudiante avait soumis une plainte à la direction du département en question (comme la procédure habituelle le veut, après avoir d’abord approché Prof X), il y aura eu de la pression sur l’étudiante pour que la plainte soit retirée. Pire encore, plus d’énergie aurait été déployée à ces fins qu’à remédier à la cause première, soit le comportement de Prof X.
On l’a déjà vu, et malheureusement on le reverra probablement.
À moins d’agir. Mais comment?
Administrateurs, professeurs, employés et étudiants, portez ce genre d’incidents à l’attention de la conseillère en harcèlement sexuel et gestion de conflits (jennifer.louise.boyd@umoncton.ca), dont le mandat est de traiter ces cas en toute confidentialité. Pour les plaintes académiques, les étudiants peuvent toujours s’adresser au VP Académique de la FÉÉCUM (vpacfee@umoncton.ca), qui saura vous guider au travers du processus.
Quand on veut, on peut.
Peu à peu, des histoires parviennent à nos yeux et oreilles soutenant l’idée qu’en effet, l’intimidation fait partie de la culture universitaire à Moncton. Intimidation de l’administration envers le corps professoral (on pense par exemple à l’ouvrage de Serge Rousselle, qui nous révèle –sous le couvert de l’anonymat- des pratiques douteuses), du corps professoral envers les étudiants (des plaintes en ce sens filtrent année après année jusqu’à la FÉÉCUM, «mortes au feuilleton» faute d’intention de poursuivre plus loin les démarches), qu’importe : fait-on face à quelques incidents isolés –ou individus problématiques- ou à une pratique généralisée?
Quoi qu’il en soit, nous en demeurons à l’étape de questions : peu de cas d’intimidation se révèlent au grand jour. On peut choisir de croire que c’est parce que de tels événements n’existent que dans l’imagination délurée d’un agent de recherche, soit. Toutefois, on peut également envisager la possibilité que ce silence soit plus révélateur que tout autre signe.
Je vous partage un exemple (caviardé afin de préserver l’anonymat) qui a été traité par la FÉÉCUM, quand nous assurions encore la gestion d’un service de plaintes. Je tire l’exemple de nos archives :
Comment réagir à une telle situation?
La menace –si elle est avérée- de la professeure à l’étudiant est-elle appropriée dans ce contexte particulier? Ça se discute certainement. Absence non motivée, pour sortir 3 minutes avant la fin d’un cours, quand la prof n’est plus en classe depuis plus de 10 minutes? À vous de juger.
Et le zéro automatique au prochain devoir (compilé dans la note finale du cours)… ça sent un peu l’abus de pouvoir, mais encore une fois, libre à vous d’y voir ce que vous voudrez.
Mais le gros problème, ici, et la raison pour laquelle j’ai choisi cet exemple, c’est la situation qui ne touche pas directement le plaignant, c’est à dire l’incident où la prof ridiculise l’étudiante qui a OSÉ remettre en question la méthode de la prof.
Questionner la prof en privé, je vous le souligne, et non devant le groupe. La réponse de Prof X, loin d’être privée, a été très publique.
Et la dernière phrase de la lettre de l’étudiant illustre précisément ce à quoi je me réfère quand je parle d’une culture d’intimidation : «Je ne voudrais pas faillir mon cours étant donné que j’ai eu une confrontation avec Prof X ce matin».
Un projet, un cours, un stage, c’est potentiellement un instrument de pression entre les mains des professeurs. Si la majorité sait s’acquitter de cette responsabilité de manière juste et équitable, certains n’ont pas le même tact et peuvent l’employer dans des desseins égoïstes.
Si le comportement de Prof X dans cet exemple n’est pas de l’intimidation, je ne sais pas ce qui en est. Remarque : l’étudiante humiliée n’a pas pour sa part soumis de plainte concernant cet événement. L’étudiant qui s’est prononcé a lui-même exprimé ses craintes de représailles. L’étudiante aurait eu raison de se plaindre. Aux yeux de la Faculté et de l’Université, ce n’est jamais arrivé. Et si ça n’est jamais arrivé, ça ne peut pas se reproduire : alors Prof X n’a pas à changer sa façon de faire.
Était-ce seulement une «mauvaise journée» pour Prof X? C’est possible. Mais je vous pose la question : cela justifierait-il cette façon d’agir?
À ceux et celles qui me diront qu’il ne s’agit que d’un cas isolé, et qu’un exemple ne constitue pas une preuve d’un problème généralisé je répondrai que nos archives en recèlent d’autres du même genre. De plus, des plaintes «mortes au feuilleton», je vous en passe un papier (caviardé), il y en a; pis encore, ce sont souvent les mêmes.
On peut deviner que, si l’étudiante avait soumis une plainte à la direction du département en question (comme la procédure habituelle le veut, après avoir d’abord approché Prof X), il y aura eu de la pression sur l’étudiante pour que la plainte soit retirée. Pire encore, plus d’énergie aurait été déployée à ces fins qu’à remédier à la cause première, soit le comportement de Prof X.
On l’a déjà vu, et malheureusement on le reverra probablement.
À moins d’agir. Mais comment?
Administrateurs, professeurs, employés et étudiants, portez ce genre d’incidents à l’attention de la conseillère en harcèlement sexuel et gestion de conflits (jennifer.louise.boyd@umoncton.ca), dont le mandat est de traiter ces cas en toute confidentialité. Pour les plaintes académiques, les étudiants peuvent toujours s’adresser au VP Académique de la FÉÉCUM (vpacfee@umoncton.ca), qui saura vous guider au travers du processus.
Quand on veut, on peut.
mardi 1 octobre 2013
Fontaine (de cash)
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Bon. Ça y est. On peut mettre un chiffre dessus.
Le journaliste Michel Nogue, de Radio-Canada, a réussi à mettre la main sur des gardés sous scellé par l’UdeM jusqu’ici, documents qui nous révèlent les paramètres financiers du départ de l’ancien recteur Yvon Fontaine (Radio-Canada).
On demeure quelque peu estomaqués devant l’énormité des sommes consenties : de 550 000$ à 600 000$ pour les deux années de congé sabbatique suivant le départ de M. Fontaine, et de 45 867$ à 60 879$ par année en rente supplémentaire (c’est-à-dire par-dessus ce qui lui sera déjà versé en vertu du régime de pension de l’ABPPUM), le tout dépendant de combien longtemps il pourra survivre avant de décider de toucher sa rente. Survivre financièrement, s’entend.
La rente supplémentaire a été négociée en 2004. Aucune trace des discussions entourant cette mesure dans les procès-verbaux du CGV ne peut être trouvée. À la réunion précédant la signature de l’entente (19 juin 2004) il est proposé que l’évaluation du recteur soit repoussé à la session suivante; la réunion suivante (assemblée générale des 24 et 25 septembre 2004) les détails de cette évaluation ne sont pas révélés. Au point 16 du procès-verbal de la réunion du 24 septembre 2004, on ne lit que cette appréciation laconique de l’évaluation : «Cette partie de la réunion se déroule en présence des membres et de la secrétaire générale». Les yeux indiscrets, de toute évidence, sont jetés hors de la salle.
Procédure standard dans le milieu, sans doute.
Mais justement, ces «procédures standard» devrait nous inquiéter à la lumière du reportage de Michel Nogue. L’entente accordant la rente supplémentaire à Yvon Fontaine, ne semble pas avoir été discutée au conseil des gouverneurs, et de plus n’a requis qu’une unique signature (il semble), soit celle du président du CGV, pour son approbation. Standard boîteux pour la gestion de fonds publics, non?
Si c’est l’étendue du pouvoir qu’on remet entre les mains du président du CGV, on se demande bien à quoi, concrètement, sert le reste du Conseil. N’est-ce pas le rôle des gouverneurs d’aviser les décisions prises par l’Université de Moncton? Est-ce que le contrat -où le recteur est l’employé, et l’UdeM l’employeur, par l’entremise semble-t-il du président du CGV- n’a pas été discuté en raison d’un conflit d’intérêt dû à la présence du recteur à la réunion? Si oui, les portes ça fonctionne en deux sens. Si non, et que la confidentialité de ce document est, encore une fois, une «procédure standard», nous avons un sérieux problème en ce qui concerne la gestion des fonds qui sortent des poches des étudiants. L’Université, le CGV, et le recteur, à titre d’administrateurs de fonds publics, sont redevables non seulement aux étudiants mais à l’ensemble des contribuables de la province.
La transparence forcée et différée est une approche insuffisante en la matière.
Il y a manifestement des gens à l’intérieur même de l’appareil qui remettent en question les méthodes utilisées par notre institution. L’information qui a mis Nogue sur la piste du document à la base de son reportage n’est certainement pas sortie d’une fleur. Un contact à l’UdeM l’a mis sur la piste. Nous applaudissons le courage et l’initiative qu’un tel geste nécessite. Maintenant, espérons qu’au lieu de traquer la personne responsable, l’administration saura tirer parti de la situation en appliquant plus largement les principes de la divulgation active. Et, dans le même esprit, espérons que la réponse officielle de l’UdeM parviendra aux médias avant vendredi après-midi, cette fois…
Je reviens aux «pratiques standard» : les sommes remises à Yvon Fontaine –pension de sabbatique et rente supplémentaire- seraient comparables à ce qui se fait dans le domaine privé. L’argument revient à chaque fois qu’un ou une cadre de l’UdeM doit être remplacé(e) : il faut appliquer des conditions d’emploi et de travail qui soient comparables à celles offertes au privé pour s’assurer de candidats supérieurs.
Sans problème, ou du moins en principe, car ainsi on ouvre la porte aux vautours.
Toutefois, quand les grandes entreprises offrent des bonis annuels fondés sur la performance, ou des primes de départ à la retraite, elles le font en fonction de ce que la personne a contribué à l’entreprise –financièrement. Plus élevée est la côte de la personne embauchée, plus élevé sera le salaire consenti à l’embauche : pourquoi? Parce que ce salaire est un investissement, sur lequel l’entreprise s’attend à un retour, et un retour proportionnel au salaire versé à cette personne. Le domaine privé est axé sur le profit, je ne vous apprends rien; le domaine public, lui, est fondamentalement différent. Toute contribution faite par le recteur Fontaine –et l’UdeM a connu une décennie de croissance importante sous son égide- s’est assortie d’une augmentation proportionnelle des dépenses, non d’un profit financier. Il faut reconnaître le travail qu’il a fait à la tête de notre institution, soit, mais ne faut-il pas également que ce travail soit fait pour le bien de l’institution et non en fonction des gains personnels qui peuvent en être ressortis? Travailler dans le domaine public, c’est assurer la gestion efficace des fonds qui vous sont impartis en vue de garantir le meilleur service possible.
Ces fonds proviennent des subventions gouvernementales, donc des contribuables, et des droits de scolarité, donc des étudiant(e)s; une part de fonds provient également des dons faits à l’institution venant du privé, le plus souvent par le biais de campagnes de financement. Il demeure qu’en 2012, les dons ne représentaient que 0,3% des revenus de l’UdeM, contre 20% pour les droits de scolarité et 61% pour les subventions (fédérales et provinciales) (Rapport annuel 2011-2012 de l’UdeM).
On est donc loin d’être une institution privée. La philosophie de l’Université de Moncton n’est pas d’accumuler du capital financier ou d’engranger des profits au dépens des deniers publics : une telle chose serait aussi impensable qu’immorale.
Or, quand on voit la rente supplémentaire et les deux années de sabbatique à salaire complet versées par l’Université à Yvon Fontaine, le tout à partir de l’actif général de l’Université (et non du fonds de pension -auquel il aura également droit je vous le souligne), on se demande comment l’UdeM, en nous disant que «tout ce qu’il était possible de faire pour trouver les fonds ailleurs a été fait », peut justifier le besoin d’augmenter les droits de scolarité.
S’agirait-il donc d’une autre de ces satanées «pratiques standard»?
Bon. Ça y est. On peut mettre un chiffre dessus.
Le journaliste Michel Nogue, de Radio-Canada, a réussi à mettre la main sur des gardés sous scellé par l’UdeM jusqu’ici, documents qui nous révèlent les paramètres financiers du départ de l’ancien recteur Yvon Fontaine (Radio-Canada).
On demeure quelque peu estomaqués devant l’énormité des sommes consenties : de 550 000$ à 600 000$ pour les deux années de congé sabbatique suivant le départ de M. Fontaine, et de 45 867$ à 60 879$ par année en rente supplémentaire (c’est-à-dire par-dessus ce qui lui sera déjà versé en vertu du régime de pension de l’ABPPUM), le tout dépendant de combien longtemps il pourra survivre avant de décider de toucher sa rente. Survivre financièrement, s’entend.
La rente supplémentaire a été négociée en 2004. Aucune trace des discussions entourant cette mesure dans les procès-verbaux du CGV ne peut être trouvée. À la réunion précédant la signature de l’entente (19 juin 2004) il est proposé que l’évaluation du recteur soit repoussé à la session suivante; la réunion suivante (assemblée générale des 24 et 25 septembre 2004) les détails de cette évaluation ne sont pas révélés. Au point 16 du procès-verbal de la réunion du 24 septembre 2004, on ne lit que cette appréciation laconique de l’évaluation : «Cette partie de la réunion se déroule en présence des membres et de la secrétaire générale». Les yeux indiscrets, de toute évidence, sont jetés hors de la salle.
Procédure standard dans le milieu, sans doute.
Mais justement, ces «procédures standard» devrait nous inquiéter à la lumière du reportage de Michel Nogue. L’entente accordant la rente supplémentaire à Yvon Fontaine, ne semble pas avoir été discutée au conseil des gouverneurs, et de plus n’a requis qu’une unique signature (il semble), soit celle du président du CGV, pour son approbation. Standard boîteux pour la gestion de fonds publics, non?
Si c’est l’étendue du pouvoir qu’on remet entre les mains du président du CGV, on se demande bien à quoi, concrètement, sert le reste du Conseil. N’est-ce pas le rôle des gouverneurs d’aviser les décisions prises par l’Université de Moncton? Est-ce que le contrat -où le recteur est l’employé, et l’UdeM l’employeur, par l’entremise semble-t-il du président du CGV- n’a pas été discuté en raison d’un conflit d’intérêt dû à la présence du recteur à la réunion? Si oui, les portes ça fonctionne en deux sens. Si non, et que la confidentialité de ce document est, encore une fois, une «procédure standard», nous avons un sérieux problème en ce qui concerne la gestion des fonds qui sortent des poches des étudiants. L’Université, le CGV, et le recteur, à titre d’administrateurs de fonds publics, sont redevables non seulement aux étudiants mais à l’ensemble des contribuables de la province.
La transparence forcée et différée est une approche insuffisante en la matière.
Il y a manifestement des gens à l’intérieur même de l’appareil qui remettent en question les méthodes utilisées par notre institution. L’information qui a mis Nogue sur la piste du document à la base de son reportage n’est certainement pas sortie d’une fleur. Un contact à l’UdeM l’a mis sur la piste. Nous applaudissons le courage et l’initiative qu’un tel geste nécessite. Maintenant, espérons qu’au lieu de traquer la personne responsable, l’administration saura tirer parti de la situation en appliquant plus largement les principes de la divulgation active. Et, dans le même esprit, espérons que la réponse officielle de l’UdeM parviendra aux médias avant vendredi après-midi, cette fois…
Je reviens aux «pratiques standard» : les sommes remises à Yvon Fontaine –pension de sabbatique et rente supplémentaire- seraient comparables à ce qui se fait dans le domaine privé. L’argument revient à chaque fois qu’un ou une cadre de l’UdeM doit être remplacé(e) : il faut appliquer des conditions d’emploi et de travail qui soient comparables à celles offertes au privé pour s’assurer de candidats supérieurs.
Sans problème, ou du moins en principe, car ainsi on ouvre la porte aux vautours.
Toutefois, quand les grandes entreprises offrent des bonis annuels fondés sur la performance, ou des primes de départ à la retraite, elles le font en fonction de ce que la personne a contribué à l’entreprise –financièrement. Plus élevée est la côte de la personne embauchée, plus élevé sera le salaire consenti à l’embauche : pourquoi? Parce que ce salaire est un investissement, sur lequel l’entreprise s’attend à un retour, et un retour proportionnel au salaire versé à cette personne. Le domaine privé est axé sur le profit, je ne vous apprends rien; le domaine public, lui, est fondamentalement différent. Toute contribution faite par le recteur Fontaine –et l’UdeM a connu une décennie de croissance importante sous son égide- s’est assortie d’une augmentation proportionnelle des dépenses, non d’un profit financier. Il faut reconnaître le travail qu’il a fait à la tête de notre institution, soit, mais ne faut-il pas également que ce travail soit fait pour le bien de l’institution et non en fonction des gains personnels qui peuvent en être ressortis? Travailler dans le domaine public, c’est assurer la gestion efficace des fonds qui vous sont impartis en vue de garantir le meilleur service possible.
Ces fonds proviennent des subventions gouvernementales, donc des contribuables, et des droits de scolarité, donc des étudiant(e)s; une part de fonds provient également des dons faits à l’institution venant du privé, le plus souvent par le biais de campagnes de financement. Il demeure qu’en 2012, les dons ne représentaient que 0,3% des revenus de l’UdeM, contre 20% pour les droits de scolarité et 61% pour les subventions (fédérales et provinciales) (Rapport annuel 2011-2012 de l’UdeM).
On est donc loin d’être une institution privée. La philosophie de l’Université de Moncton n’est pas d’accumuler du capital financier ou d’engranger des profits au dépens des deniers publics : une telle chose serait aussi impensable qu’immorale.
Or, quand on voit la rente supplémentaire et les deux années de sabbatique à salaire complet versées par l’Université à Yvon Fontaine, le tout à partir de l’actif général de l’Université (et non du fonds de pension -auquel il aura également droit je vous le souligne), on se demande comment l’UdeM, en nous disant que «tout ce qu’il était possible de faire pour trouver les fonds ailleurs a été fait », peut justifier le besoin d’augmenter les droits de scolarité.
S’agirait-il donc d’une autre de ces satanées «pratiques standard»?
Inscription à :
Articles (Atom)