par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Le Manitoba, ce n’est pas que le no man’s land idéologique entre l’Est et l’Ouest du pays. C’est aussi une province qui démontre en engagement soutenu envers les minorités (dont les francophones) sur son territoire, ainsi qu’envers l’amélioration du niveau de vie de la population en général par des mesures, disons, généreuses si on les compare à ce qui se trame ailleurs au pays.
Fin mai 2013, le président de l’Université du Manitoba fait une sortie dans les médias où il remet en question la politique de frais de scolarité abordables de la province, qui limite l’augmentation des frais de scolarité au taux d’inflation. Dénonçant les coûts ainsi imposés aux universités – qui doivent trouver le moyen de payer la note tout en respectant les restrictions provinciales - , David Barnard a déclaré que le Manitoba «avait choisi de garder les droits de scolarité parmi les plus bas au pays – ce qui parait hors-norme si l’on regarde le reste du Canada» (Winnipeg Free Press).
L’Université du Manitoba a dû effectuer des coupes de 4.98 M$ dans son budget pour la prochaine année académique. On parle de moins de 1% de son budget total.
Barnard dénonce le fait que les étudiants manitobains paient actuellement environ 2000$ de moins que la moyenne nationale, à quoi s’ajoute des programmes de rabais sur les droits de scolarité qui sont disponibles pour ceux qui choisissent de poursuivre leurs études au deuxième cycle, tout en restant au Manitoba. Un étudiant avec une pleine charge de cours paie annuellement la somme de 3588$ au Manitoba, alors que la moyenne canadienne s’élève à 5581$.
Où est le problème, je vous le demande?
Ce que je vois ici, personnellement, c’est une province qui a fait un choix difficile, sans doute, mais sensé d’investir dans la jeunesse et dans le savoir. Est-ce la meilleure formule pour les universités et pour la province? Peut-être pas, mais on en voit d’autres genres qui ne plaisent pas à tout le monde non plus; ici au Nouveau-Brunswick par exemple, ou encore au Québec. Le Manitoba a choisi de financer l’ÉDUCATION, et non pas seulement les universités, et une éducation à coût abordable, accessible, peut offrir des bénéfices supplémentaires à la province, notamment en fait de rétention.
Il faut cesser d’être obnubilés par le prestige que la recherche fait rejaillir sur les institutions postsecondaires, parfois, et se souvenir du fait que ce sont des établissements d’ENSEIGNEMENT, d’abord et avant tout. La croissance débridée de bien des institutions canadiennes est ce qui, en ces temps de compressions budgétaires, rend les nœuds de cravate de bien des administrateurs un peu plus serrés qu’à l’habitude.
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