par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Aux prises avec les mêmes restrictions budgétaires que l’UdeM (c’est-à-dire gel de sa subvention provinciale), l’Université St. Thomas (STU) vient d’adopter un budget prévoyant une hausse de 434$ aux frais de scolarité pour les étudiants canadiens, ce qui porte la note à 5 379$ pour la prochaine année académique (CBC).
Disons par contre que, dans un geste qui détonne avec ce que l’on a vu ici tout récemment, la hausse imposée aux étudiants internationaux a, pour sa part, respecté le plafond suggéré – si j’ai précédemment dit «imposé» j’étais dans l’erreur et m’en excuse – par le ministre des Finances Blaine Higgs. La hausse des frais de scolarité des étudiants internationaux sera donc limitée à 150$, portant la note à 13 005$ pour la prochaine année académique dans leur cas (STU).
La décision était prévisible, au sens qu’une forte hausse était attendue, mais la forme choisie par STU demeure surprenante. Remarquez, le coût d’une année académique est encore le plus faible au N-B pour les étudiants canadiens; on peut donc considérer cette forte hausse comme une mesure de rattrapage. Un peu la même raison qu’a donnée l’UdeM pour sa hausse-éclair de 999$ aux droits de scolarité des étudiants internationaux (Radio-Canada).
La véritable question que ce geste soulève, c’est en fait l’étendue du pouvoir du ministre des finances sur les budgets des organismes gérant des fonds publics. En sanctionnant une telle mesure, est-ce que le gouvernement n’est pas effectivement en train de dire aux institutions : «On vous donne de l’argent parce qu’on est obligés, mais vous êtes pas obligés d’écouter nos recommandations sur les manière de l’investir»?
On sait qu’il dit également : «On vous en donnera as plus parce qu’on est PAS obligés.»
Je vous rappelle qu’il s’agit toujours ici de l’argent des contribuables. Les élus provinciaux, à titre de représentants de la population néo-brunswickoise, sont investis du devoir d’investir ces fonds de manière responsable, au bénéfice de la population qui remplit les coffres.
Si Higgs s’en remet entièrement à la bonne foi des administrateurs et administratrices universitaires, qui n’est pas inexistante mais qui ne constitue certes pas une valeur sûre, je crois qu’il se fourre le doigt dans l’œil. Le précédent créé ici, à mon humble avis, est dangereux pour l’avenir de l’éducation postsecondaire dans notre province. Pourquoi? Parce qu’il déresponsabilise le ministère des Finances envers la population, pour rejeter le blâme sur les institutions qu’il subventionne avec l’argent des contribuables.
La culture du «c’est pas ma faute» est forte dans le gouvernement Alward. Ceux qui lisent les journaux ont bien pu le constater par la lettre qu’a fait paraître le ministre de la Santé, Hugh Flemming, à l’intention des médecins de la province (Radio-Canada). Ou encore, et peut-être pire, la sortie tardive du gouvernement Alward en faveur d’un moratoire sur la réforme de l’assurance-emploi, qui aura pour seul impact véritable de faire sourire Bernard Valcourt (CapAcadie).
Là encore, ce gouvernement nous dit «c’est pas notre faute», après s’être entêté à garder le silence pendant des mois.
Quoique cette fois, c’est pour rejeter le blâme sur le gouvernement Harper : et là, je suis un tantinet moins offusqué!
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