jeudi 3 octobre 2013

Y a-t-il ou non de l’intimidation à l’U de M?

par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets

Peu à peu, des histoires parviennent à nos yeux et oreilles soutenant l’idée qu’en effet, l’intimidation fait partie de la culture universitaire à Moncton. Intimidation de l’administration envers le corps professoral (on pense par exemple à l’ouvrage de Serge Rousselle, qui nous révèle –sous le couvert de l’anonymat- des pratiques douteuses), du corps professoral envers les étudiants (des plaintes en ce sens filtrent année après année jusqu’à la FÉÉCUM, «mortes au feuilleton» faute d’intention de poursuivre plus loin les démarches), qu’importe : fait-on face à quelques incidents isolés –ou individus problématiques- ou à une pratique généralisée?

Quoi qu’il en soit, nous en demeurons à l’étape de questions : peu de cas d’intimidation se révèlent au grand jour. On peut choisir de croire que c’est parce que de tels événements n’existent que dans l’imagination délurée d’un agent de recherche, soit. Toutefois, on peut également envisager la possibilité que ce silence soit plus révélateur que tout autre signe.

Je vous partage un exemple (caviardé afin de préserver l’anonymat) qui a été traité par la FÉÉCUM, quand nous assurions encore la gestion d’un service de plaintes. Je tire l’exemple de nos archives :
Comment réagir à une telle situation?

La menace –si elle est avérée- de la professeure à l’étudiant est-elle appropriée dans ce contexte particulier? Ça se discute certainement. Absence non motivée, pour sortir 3 minutes avant la fin d’un cours, quand la prof n’est plus en classe depuis plus de 10 minutes? À vous de juger.

Et le zéro automatique au prochain devoir (compilé dans la note finale du cours)… ça sent un peu l’abus de pouvoir, mais encore une fois, libre à vous d’y voir ce que vous voudrez.

Mais le gros problème, ici, et la raison pour laquelle j’ai choisi cet exemple, c’est la situation qui ne touche pas directement le plaignant, c’est à dire l’incident où la prof ridiculise l’étudiante qui a OSÉ remettre en question la méthode de la prof.

Questionner la prof en privé, je vous le souligne, et non devant le groupe. La réponse de Prof X, loin d’être privée, a été très publique.

Et la dernière phrase de la lettre de l’étudiant illustre précisément ce à quoi je me réfère quand je parle d’une culture d’intimidation : «Je ne voudrais pas faillir mon cours étant donné que j’ai eu une confrontation avec Prof X ce matin».

Un projet, un cours, un stage, c’est potentiellement un instrument de pression entre les mains des professeurs. Si la majorité sait s’acquitter de cette responsabilité de manière juste et équitable, certains n’ont pas le même tact et peuvent l’employer dans des desseins égoïstes.

Si le comportement de Prof X dans cet exemple n’est pas de l’intimidation, je ne sais pas ce qui en est. Remarque : l’étudiante humiliée n’a pas pour sa part soumis de plainte concernant cet événement. L’étudiant qui s’est prononcé a lui-même exprimé ses craintes de représailles. L’étudiante aurait eu raison de se plaindre. Aux yeux de la Faculté et de l’Université, ce n’est jamais arrivé. Et si ça n’est jamais arrivé, ça ne peut pas se reproduire : alors Prof X n’a pas à changer sa façon de faire.

Était-ce seulement une «mauvaise journée» pour Prof X? C’est possible. Mais je vous pose la question : cela justifierait-il cette façon d’agir?

À ceux et celles qui me diront qu’il ne s’agit que d’un cas isolé, et qu’un exemple ne constitue pas une preuve d’un problème généralisé je répondrai que nos archives en recèlent d’autres du même genre. De plus, des plaintes «mortes au feuilleton», je vous en passe un papier (caviardé), il y en a; pis encore, ce sont souvent les mêmes.

On peut deviner que, si l’étudiante avait soumis une plainte à la direction du département en question (comme la procédure habituelle le veut, après avoir d’abord approché Prof X), il y aura eu de la pression sur l’étudiante pour que la plainte soit retirée. Pire encore, plus d’énergie aurait été déployée à ces fins qu’à remédier à la cause première, soit le comportement de Prof X.

On l’a déjà vu, et malheureusement on le reverra probablement.

À moins d’agir. Mais comment?

Administrateurs, professeurs, employés et étudiants, portez ce genre d’incidents à l’attention de la conseillère en harcèlement sexuel et gestion de conflits (jennifer.louise.boyd@umoncton.ca), dont le mandat est de traiter ces cas en toute confidentialité. Pour les plaintes académiques, les étudiants peuvent toujours s’adresser au VP Académique de la FÉÉCUM (vpacfee@umoncton.ca), qui saura vous guider au travers du processus.

Quand on veut, on peut.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Certains professeurs font partie du mobilier de l'Université depuis tellement longtemps qu'ils se sentent intouchables.
Il m'est arrivé, pendant mes études au baccalauréat, de me faire accuser de plagiat pour un travail. "Extrêmement bien écrit, du niveau de la maitrise tellement le rythme des phrases et la structure de l'information sont bien répartis (...)" m'a-t-on dit pendant une convocation individuelle par le professeur en question, puis; "je ne pense pas que ce soit toi qu'il l'ait écrit.". Wow. OK? Malgré le fait que les sources (bien indiquées, merci) provenaient de divers ouvrages empruntés à un professeur du même département, que ce cours, de niveau 1000, je le suivais en troisième année universitaire et que le professeur qui m'accusait de ceci effectuait de laborieuses recherches sur internet (son écran tourné vers moi) pour essayer de trouver des similarités dans le texte (sans succès), il a cru bon m'accuser de plagiat.
À l'époque, j'ai demandé conseil à deux chefs de département. Le premier m'a encouragé de porter plainte et à faire face aux accusations non fondées du professeur en me représentant au Sénat académique, parce que ce professeur abusait de son pouvoir depuis longtemps et que c'était franchement honteux. Le deuxième, qui était le chef du département où œuvrait le professeur qui m'avait accusé de plagiat, m'a conseillé de laisser tomber puisque ce genre de recours causait la bisbille au sein du département et que c'était quasi impossible de surmonter ces accusations, même si mon travail ne comportait aucune indication de plagiat. Ce professeur, m'a-t-on averti, est le genre de personne qui trouvera n'importe quel détail pour vous voir couler, "si tu n'as pas bien une seule référence, s'il un numéro de page est omis ou que ton tiret n'est pas au bon endroit, tu vas perdre".

Ma décision, qui serait différente aujourd'hui, a été de laisse tomber, d'accepter de couleur le cours, de suivre un cours d'été à UNB pour obtenir mon diplôme et d'avaler cette pilule empoisonnée.

Le travail en question, je l'ai toujours en archives. Je n’oublierai jamais le sentiment de trahison que j'ai ressenti envers le monde intellectuel. Certes, ce sont des choses qui peuvent arriver, mais bon, tout ça pour dire que OUI l'intimidation est présente à tous les niveaux dans notre université.