par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Comme sur commande, Statistique Canada a fait paraître aujourd’hui de l’information directement pertinente à un article publié hier… !
L’Étude sur les immigrants sur le marché du travail canadien, de 2008 à 2011 (Statistique Canada) examine la situation des immigrants âgés de 25 à 54 ans (groupe principal d’âge actif) vis-à-vis l’emploi partout au pays.
De manière générale, le taux d’emploi des immigrants au Canada a augmenté de 4,3% entre 2010 et 2011 : précisons cependant que cette croissance s’observe d’abord chez les immigrants établis ici depuis plus de 10 ans. À l’opposé, on remarque peu ou pas de croissance du taux d’emploi chez les travailleurs originaires du Canada durant cette même période.
En 2011, le taux d’emploi des immigrants était de 75,6%, contre 82,9% pour les travailleurs canadiens. Décliné entre immigrants de longue date (10 ans et plus) et nouveaux arrivants (moins de 5 ans) le taux était, respectivement, de 79,8% et de 63,5%. On voit à quel point l’accès à l’emploi est relié à la durée d’établissement (on parle quand même d’une variance de 16,3% entre ces deux catégories d’immigrants), ce qui ajoute de la crédibilité aux allégations récentes qu’il est plus difficile pour les nouveaux arrivants de trouver un emploi que pour les Canadiens.
Au N-B, chez les immigrants âgés de 25 à 54 ans, la tendance se maintient : en 2011, les immigrants ici depuis moins de 5 ans affichaient un taux d’emploi de 69,8%, alors que ceux ici depuis entre 5 et 10 ans avaient un meilleur sort à 85% et que ceux ici depuis plus de 10 ans étaient employés à 84,7% (CANSIM). Une variance de 15,2% est observée entre les immigrants ici depuis moins de 5 ans, et ceux ici depuis 5 ans et plus. Quand je vous disais que les contacts étaient importants pour accéder à l’emploi…
Ça nous démontre également que les chances d’accéder à un emploi immédiatement après la fin d’un baccalauréat sont plus minces, qu’on soit immigrant ou non. Chez les 15 ans et plus (ce qui inclut l’âge universitaire), le taux d’emploi sous la barre des 5 ans au pays est de 58,7%. C’est en effet pire chez les Canadiens d’origine, qui affichent un taux d’emploi de 56,9%. L’amélioration du taux passé l’âge de 25 ans est par contre plus significative pour les Canadiens d’origine que les immigrants de courte date, augmentant de 21,7%, contre une amélioration de 11,1% (CANSIM). Il reste que nous parlons ici de taux, et pas de nombres d’emplois.
La majorité de la hausse du taux d’emploi tire en fait ses origines en Colombie-Britannique et dans les provinces des Prairies. 31% de la population active immigrante du pays habite ces régions, et la croissance de leur taux d’emploi y a été de 53%. Ce taux a notamment doublé en Saskatchewan entre 2008 et 2011, atteignant 77%. Au Manitoba, il est aujourd’hui de 82,5%.
Ce que ce tableau nous révèle quant à la situation dans les provinces de l’Atlantique, c’est que la variance entre le taux d’emploi des immigrants et de la population originaire du Canada est très minime : 77,4% chez les immigrants et 78,2% chez les Canadiens d’origine. Ce taux n’est pas décliné entre immigrants de longue date et nouveaux arrivants, par contre ; on s’imagine sans peine que la tendance canadienne soit reproduite ici, c’est-à-dire qu’un écart significatif les sépare.
D’autres écarts sont également observables à travers le pays : les immigrants établis au Canada depuis plus de 10 ans affichaient en 2011 un taux d’emploi de 83% (contre 85,5% chez les hommes nés au Canada, contre 75,7% chez ceux arrivés depuis moins de 5 ans. Chez les femmes, celles établies ici depuis plus de 10 ans ont un taux d’emploi de 68,8% (les Canadiennes d’origine ayant un taux d’emploi de 80,3%), et les immigrantes plus récentes (moins de 5 ans) avaient un taux d’emploi de 52,5%.
Ainsi donc, il persiste peut-être un certain racisme dans l’accès à l’emploi au Canada, mais qui fait surtout sentir ses effets pour les nouveaux arrivants, et plus que tout pour les femmes. Les hommes, et encore plus ceux établis ici depuis plus de 10 ans, jouissent d’un taux d’emploi semblable aux hommes nés au Canada.
Pour ce qui est de l’impact de la région d’origine des immigrants sur leur taux d’emploi, on constate aisément que les travailleurs d’origine africaine sont les plus défavorisés, à environ 70%. Les immigrants d’origine européenne, pour leur part, démontre la même tendance à l’emploi que la population canadienne. Est-ce une question de couleur ? De religion ? Tristement, cela va dans le sens des propos de Benoit André (CAFI), qui affirme que l’obtention d’un emploi ici sera toujours plus difficile, à CV égal, pour un Noir que pour un Blanc. 13% à 14% plus difficile, précisément.
Ça donne à réfléchir !
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