par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Le Devoir publie aujourd’hui un article qui débat de la question de l’enseignement de l’histoire dans les écoles du Québec. Un comité chargé d’évaluer la question fêtera bientôt se s quinze ans, et ne bouge pas assez vite au goût de tous : un groupe de travail vient d’être mis sur pieds par le ministère de l’Éducation. Et voilà qu’une nouvelle formation se jette dans le débat : la Coalition pour l’histoire veut œuvrer pour le renforcement de l’histoire du Québec dans le curriculum scolaire, qui fait partie de la plateforme électorale du PQ.
Groupe de travail, comité, coalition, on connaît ça. Bien du blabla et peu de résultats.
Et ce n’est pas l’aspect le plus problématique de la situation que je viens de décrire ; en effet, c’est plutôt la question du «renforcement» de l’histoire du Québec qui porte ombre au tableau. La Coalition propose en effet qu’un groupe restreint (5 historiens, et possiblement un sous-ministre) relevant directement du ministère, soit chargé de régler la question.
5 ou 6 personnes pour changer l’histoire ? La belle idée !
Des civilisations entières sont tombées dans l’oubli faute d’historiens, ou plus précisément, sous le couperet de la mémoire sélective. L’histoire est une science de vainqueurs, qu’on se le tienne pour dit : le récit des perdants est bien souvent relégué dans l’oubli.
Or ici, ce que la Coalition semble encourager le PQ à faire, c’est d’endoctriner par la voie de la scolarisation une génération de Québécois, en inculquant à la jeunesse une conscience politique et nationale qui s’appuierait sur l’histoire du Québec. La Coalition propose, par exemple, de renommer le cours d’histoire «Histoire du Québec et du Canada», et d’y renforcer l’enseignement de la Rébellion des Patriotes, et pour ces raisons certains – dont au moins un enseignant universitaire impliqué dans la réforme du programme – craignent que la Coalition trouvera une oreille attentive auprès de la ministre. C’est que l’enjeu national est une condition primordiale de la valeur politique du PQ ; en l’ignorant ou en le délaissant le parti renonce à sa raison d’être. Mais de là à instrumentaliser le curriculum scolaire comme outil de propagande politique…
D’un autre côté, l’un des enjeux de la réforme est l’interprétation de la Conquête dans les écoles québécoises, qui est à l’heure actuelle présentée sous les atours d’un changement de régime, avec les heurts que cela suppose. Les Britanniques auraient civilisé les colonies françaises de l’Est du Dominion. Que ferait-on si la Déportation était présentée comme un exil volontaire ?
Mais c’est pas comme si on avait un parti acadien séparatiste à Fredericton, non plus !
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