vendredi 12 octobre 2012

Les médias sociaux et la salle de cours

par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets

Deux articles récents de la revue Affaires Universitaires touchent à la question des médias sociaux et de la place sur le campus universitaire : le premier examine l’impact de ces derniers sur le climat de classe, et le second sur les relations profs-étudiants.

Plusieurs professeurs dénoncent la nature de plus en plus «dérangeante» des étudiants en salle de cours. La salle de cours n’est plus, comme autrefois (et très autrefois dans le cas de certains) un endroit « clos », coupé de l’extérieur pour quelques heures par semaine : les étudiants sont désormais connectés en permanence à l’extérieur et leur vie socio-médiatique est active 24/7. Et il y a de plus en plus de professeurs qui trouvent que cela peut nuire à la qualité de l’enseignement.

Certains profs se sentent notamment intimidés par le fait que leurs moindres paroles et gestes peuvent, en un instant, s être diffusés dans le monde entier.   Il semble que le délai d’attention des étudiants soit aussi diminué en raison des distractions que permet l’accès internet en salle de cours. Nous avons tous vu des étudiants clavarder, vérifier leurs courriels, magasiner sur le web ou encore – et c’est plus rare – regarder de la porno en classe… Mais les outils qui servent à distraire les étudiants sont également devenus des outils de travail dans bien des cas indispensables, et dont il serait impensable d’interdire l’usage.

Bref, il a été nécessaire pour certaines universités de définir des codes de conduite en classe qui définissent clairement ce qui constitue une interruption. Le cas échéant, à l’Université d’Alberta par exemple, le professeur a le droit d’exclure l’étudiant fautif de la salle de classe et de lui refuser l’accès à la salle jusqu’à concurrence de trois heures d’enseignement. S’il y a récidive, l’étudiant pourra de nouveau être expulsé, cette fois avec l’ajout de sanctions prévues au code.

Ce code n’est pas partout le même par contre. L’Université de Saskatchewan et l’Université d’Ottawa ont toutes deux développé des codes de conduite dont les modalités sont différentes.

Et il faut dire que certains profs préfèrent encore établir un «contrat» avec leurs étudiants à la première séance de cours, dans le but d’assurer la meilleure expérience d’enseignement – et bien sûr d’apprentissage – possible, en définissant ce qu’est un comportement dérangeant et en prévoyant les sanctions qui s’y appliquent, en accord avec les étudiants.

Parlant d’accord avec les étudiants, le second article fait référence à une page Facebook lancée par des étudiants de l’Université de Calgary, entièrement dédiée à la critique d’une professeure de l’établissement. L’affaire s’est retrouvée en cour. Oui, vous avez bien lu, et le juge a donné raison aux étudiants, au nom de leur liberté d’expression. On aurait aussi pu crier à la diffamation…

Les universités doivent-elles donc établir des règles face à ce genre de problème ? Selon un intervenant, «les atteintes à la réputation en ligne ne connaissent aucune frontière. Les universités ont donc le devoir de protéger leur personnel et leurs étudiants».

Même son de cloche quand vient le temps de devenir l’ami d’un étudiant sur Facebook : la même personne avertit que «on ouvre son monde à nos amis de manière presque totale […] veut-on vraiment offrir à nos étudiants un tel accès à notre vie privée ?» Et, je vous le demande, voulez-vous vraiment offrir cet accès à vos professeurs ?

Mais les réseaux sociaux demeurent des outils incontournables quand vient le temps de rejoindre les étudiants et d’encourager le sentiment de communauté qui lie les gens d’un même campus, de même que dans la promotion de l’établissement et le recrutement de nouveaux étudiants.

Vous avez déjà entendu parler d’un couteau à deux tranchants ? Ben, ça.

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