vendredi 8 mars 2013

Les droits des étudiants sous la loupe du Sénat académique

Préfaçons cette annonce en rajustant tout d’abord le tir sur les accusations portées dans un reportage au Téléjournal Acadie d’hier selon lesquelles la FÉÉCUM aurait eu des intentions diffamatoires envers une professeure, et aurait agi de manière «calomnieuse» et aurait fait une «tentative d’intimidation» (Radio-Canada).

La vérité pure et simple, qu’on se le tienne pour dit, est que la FÉÉCUM n’a pas mentionné le nom de quiconque, ni porté d’accusation dirigées vers une personne quelle qu’elle soit, dans la lettre envoyée au Sénat académique par le Vice-président académique de la FÉÉCUM, avec l'appui unanime de son Comité exécutif. La voici, dans l’intérêt de la transparence :

M. Raymond Théberge, président du Sénat académique,

La FÉÉCUM désire porter à l’attention du Sénat académique de l’Université de Moncton un événement troublant.

Le mardi 5 février 2013, à l’émission d’actualité le Téléjournal Atlantique, l’animateur Martin Robert a lu en ondes un extrait du travail d’un(e) étudiant(e), à titre d’exemple de la mauvaise qualité du français à l’U de M.


Il ne relève aucunement de la nature des travaux complétés dans le cadre d’activités académiques de se retrouver dans l’espace public. Ces travaux ont une vocation formative, qui ne se prête pas à la diffusion. Le processus formatif universitaire repose notamment sur la confidentialité des travaux, lorsque leur but est lié à l’apprentissage.

En outre, la FÉÉCUM considère que l’Université de Moncton ne peut accepter que ses étudiants sentent la crainte constante de voir divulgués a tout venant leurs travaux académiques. C’est un stress inutile qui leur est imposé, et qui peut nuire à la qualité de l’apprentissage ; c’est pour ces raisons que le Sénat académique se doit d’intervenir.

L’Énoncé des droits et responsabilités des étudiantes et des étudiants de l’université de Moncton, enchâssé dans les Statuts de l’U de M, établit que « seuls les documents qu’elle (l’Université) établit officiellement sont communiqués à l’extérieur, avec le consentement écrit de la personne concernée » et plus loin que « les étudiantes et les étudiants sont les justes détenteurs des droits de propriété intellectuelle sur les travaux qu’ils réalisent dans le cadre de toutes activités académiques à l’Université ».


Or, durant l’émission du 5 février dernier, l’animateur reconnaît avoir reçu un document qu’il décrit comme «une copie […] d’un étudiant ou d’une étudiante, [qui est] vraiment bourrée de fautes» (à 29 :20), et plus loin (34 :08) il lit en ondes une «phrase d’un étudiant universitaire», en tenant ce qui semble être un travail d’étudiant(e) à la main.


Il y a ainsi eu dérogation aux Statuts de l’U de M, en ce qu’un travail réalisé par un(e) étudiant(e) s’est retrouvé non seulement diffusé dans la communauté à l’insu de la personne concernée, mais pis encore exposé dans les médias à des fins diffamatoires.


Aucune preuve n’a été fournie par Radio-Canada du «consentement écrit de la personne concernée» en ce qui concerne le document en question, sur lequel elle est «juste détenteur des droits de propriété intellectuelle». Lorsque contactée, la société a refusé de dévoiler ses sources.

Constatant l’ambiguïté des recours disponibles à l’étudiant(e) dont les droits ont été lésés, j’invite le Sénat à traiter l’affaire avec l’attention et la diligence qu’elle mérite.

Éric Allain, membre du Sénat académique                   

Quel était l’objectif de la FÉÉCUM quand elle a choisi d’intervenir auprès du Sénat ? Le but visé – et atteint – était la formation d’un comité chargé d’étudier les règlements universitaires (dans le sens large du terme), et la place qu’y occupent les droits des étudiant(e)s. À l’origine du questionnement de la FÉÉCUM, se trouve l’applicabilité de l’Énoncé sur les droits et responsabilités des étudiantes et étudiants de l’Université de Moncton, ainsi que les recours disponibles dans l’éventualité où ces droits seraient brimés, car ni l’un ni l’autre n’étaient clairs dans les circonstances. Il s’avère en effet que l’Énoncé a un statut juridique ambigu, pour ne pas dire pratiquement nul, ce qui est inacceptable.

Or, tout au long de cette histoire, la FÉÉCUM a maintenu le silence médiatique, par respect des procédures officielles, et par considération pour le processus dûment suivi du côté de l’institution. Que l’on accuse la FÉÉCUM d’intimidation et de diffamation, alors que les interventions de la Fédération ont été conduites à l’interne, hors de l’espace public, tient de la mauvaise foi et frise la désinformation.

La raison pour laquelle la FÉÉCUM s’est refusé à tout commentaire, contrairement à ce dont on l’a accusée hier, est pour ne PAS traîner la réputation de qui que ce soit dans la boue. Les étudiants ont le droit d’avoir recours aux procédures officielles garanties par les Statuts de l’Université de Moncton, droit que la FÉÉCUM a exercé avec le respect des responsabilités que cela engendre.

C’est en vérité la réputation des étudiants de l’Université de Moncton qui a quelque peu été traînée dans la boue. À partir d’un exemple isolé, le TJA a prétendu, dans son reportage du 5 février, donner une vue d’ensemble sur la qualité de la langue écrite des étudiant(e)s de notre institution.

En allant directement voir le Sénat académique, la FÉÉCUM a suivi les procédures officielles et utilisé leur seul recours étant donné l’ambiguïté de la situation. Nous aurions pu porter notre version «calomnieuse» de l’histoire aux médias, qui l’auraient écoutée sans doute avec délice, si l’intention de la Fédération eût été de faire de la diffamation ; mais nous ne l’avons pas fait. Nous avons plutôt déploré le fait qu’un travail réalisé par un(e) étudiant(e) ait été diffusé par les médias à des fins diffamatoires envers la population étudiante de l’UdeM. Ce n’est pas une personne qui est visée par la lettre de la FÉÉCUM, mais bien le fait qu’un tel événement puisse prendre place à l’UdeM.

Dans les circonstances, la FÉÉCUM a jugé inacceptable que rien ne soit fait dans cette affaire, et pour le bien des intérêts des étudiantes et étudiants de l’Université de Moncton, elle devait porter l’affaire à l’intention du Sénat académique. Sans chercher un résultat punitif ou des réparations, nous voulions que la situation ne puisse pas se reproduire, au nom des droits reconnus par l’UdeM à ses étudiants. Le Sénat a étudié les questions et inquiétudes soulevées par la lettre et, ayant convenu de l’ambiguïté des règlements, formé un comité chargé d’étudier la question.

La FÉÉCUM a agi dans les règles, en ce qui concerne l’Université de Moncton, qui est elle-même dans les règles avec ses professeurs en vertu de l’entente collective signée par les deux parties. La Fédération trouve dommage qu’un malentendu soit survenu sur la place publique, utilisant un document interne hors de son contexte, et avant même que tous les faits et intentions en jeu soient connus. En espérant que ce bref texte aura su vous éclairer…

6 commentaires:

Claude Snow a dit…

On aurait intérêt à recentrer le débat sur la question de fond et laisser tomber les réactions insignifiantes ayant trait à une prétendue diffamation. Pendant qu'on divague sur un faux débat, on ignore le vrai débat qui est celui de la qualité du français. Les étudiants et les responsables devraient avaler la pilule, même si elle est amère, et se retrousser les manches en vue de redresser la situation, plutôt que de s'acharner à jouer à la vierge offensée. Il n'y a pas de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre.

Communications Féécum a dit…

Nous sommes complètement d'accord que le débat sur la qualité de la langue en vaut la peine, et nous reprochons à la couverture médiatique d'avoir confondu ce dernier à la présente démarche qui n'y a rien à voir. Nous ne dévions pas le débat, c'est un débat complètement différent sur les droits des étudiants, une question interne que nous avons traité à l'interne par les voies officielles de l'Université.

C'est ce que nous reprochons à la couverture médiatique des deux derniers jours. Nous parlons d'une chose, les médias d'une autre. La désinformation dont nous parlons résulte en des commentaires comme le vôtre, où il y a un malentendu évident, véhiculé par les médias et intégré dans votre perception de la chose.

Le débat sur la qualité de la langue en francophonie et en particulier en Acadie doit avoir lieu et nous l'encourageons. Cependant, pendant que ce débat était en branle, il est survenu un événement (le reportage du 5 février) qui a soulevé des questions sur les règlements universitaires et les droits des étudiants, des questions qui ne relèvent pas du débat lui-même. Voilà ce que nous désirons traiter à l'interne. Il est faux de sous-entendre quoi que ce soit au-delà de cette simple vérité, et si les médias avaient attendus, comme nous leur avions suggéré de le faire, que le point soit adressé au Sénat académique avant de faire leur tournée d'entrevues, on aurait pu, à notre avis, éviter ce malentendu. Le point tel qu'apporté, dans son contexte, appuyé d'une présentation et d'un débat, a calmé les esprits et porté fruit.

Malheureusement, on se plait à traiter de demi-nouvelles, d'impressions, de rumeurs et de présumées anguilles sous roche imaginaires au Téléjournal. Nous ne vous blâmons pas pour en avoir tiré l'impression que vous exprimez ici.

Ryan Melanson a dit…

J'applaudis la féécum pour avoir protégé les droits des étudiants. Il est carrément inacceptable qu'un(e) professeur(e) partage un travail étudiant sur la scène publique même si l'anonymat est respecté. J'ai l'impression que le ou la professeure(e) devrait prendre connaissance des règlements universitaires.

Merci à la féécum !

Anonyme a dit…

Enfin, je ne pense pas que la professeure concernée avait de mauvaise intention. Son objectif était d'améliorer la qualité du français parlé à l'udem. je ne pense pas qu'elle mérite de sanction. La professeure en question est très découvé a ses élèves et fait preuve d'une excellente pédagogie. S'il vous plait, ne faite pas attention a mon dernier message. La professeure concerné ne voulait que aider la masse étudiante.

Communications Féécum a dit…

Et nous n'en avons aucun doute. C'est pourquoi rien dans cette démarche ne cherchait à faire sanctionner qui que ce soit.

Anonyme a dit…

Chapeau à la FÉÉCUM pour avoir eu recours au processus approprié et de ne pas avoir succombé à ce qui est souvent plus facile, la voie médiatique. C'est bien que les gens se sentente concernés par ce problème, la qualité du français à l'Université de Moncton, mais ce n'est pas en évitant de collaborer à l'interne que les choses vont se régler.

Merci la FÉÉCUM.