mardi 18 juin 2013

L'ABPPUM réagit aux propos du président du Conseil des Gouverneurs et appuie les démarches de la FÉÉCUM

Voici la réaction de l'Association des Bibliothécaires et Professeur.e.s de l'Université de Moncton par rapport à l'intervention du président du Conseil des gouverneurs au Téléjournal Acadie et dans l'Acadie Nouvelle du 14 juin dernier. Nous la présentons en intégrale pour ceux et celles qui suivent le dossier à travers notre blogue :

Avant toute chose, l'ABPPUM s’interroge sérieusement sur le fait que ce soit M. André Richard, et non le recteur Raymond Théberge, qui soit intervenu publiquement au nom de l’Université de Moncton en réaction à la parution du livre du professeur Serge Rousselle. À nos yeux, ils'agit soit d'une usurpation d’autorité dans la chaîne hiérarchique, soit d'un manque de leadership et de responsabilité de la part du recteur, soit des deux. Mais, plus grave encore, comment M. Richard, qui es tl’une des principales personnes incriminées dans cette histoire, peut-il parler au nom de l’institution et non en son nom personnel, qui lui aurait permis de répondre directement aux propos de M. Rousselle?

L’ABPPUM déplore en outre la stratégie d’esquive systématique adoptée par le président du Conseil des gouverneurs lors de son entretien télévisé, et son invitation, dans un geste «rassembleur», à se tourner résolument vers l’avenir, compte tenu de la gravité des événements révélés par l’ouvrage de Serge Rousselle, et des pratiques inadmissibles qu'elles ont mises à jour. Concernant ces événements, et contrairement aux propos de M. Richard, l’ABPPUM estime qu’il ne s’agit pas du tout d’une question de «manque de consensus» sur le processus au sein de la communauté universitaire, mais bien de manquements graves et répétés aux procédures et aux principes qui devaient régir ce processus.

Ces manquements ont considérablement terni la réputation de l’Université de Moncton, qui continue d’ailleurs de l’être par les agissements et les propos de la part de personnes de la haute administration, pourtant censées veiller à sa bonne gestion et à son image publique. Nous pensons non seulement à ce que Kevin Arseneau, le président de la FÉÉCUM nous a appris récemment, mais aussi aux propos tenus sur Facebook sur M. Arseneau par un des gouverneurs, Louis Léger, ce qui parfaitement inacceptable et indigne de la fonction qu’il occupe.

L’ABPPUM se doit de corriger certaines affirmations de M. Richard, notamment sur la transparence. Quand, par exemple, M. Richard déclare:«nous sommes tous pour la transparence et on fait constamment des modifications en ce sens» et qu’il évoque le fait que les procès-verbaux du Conseil des gouverneurs sont affichés sur le Web, il ne dit pas que ces procès-verbaux sont très succincts, et qu'ils ne comportent pas le détail des discussions, contrairement aux procès-verbaux du Sénat académique. Le Sénat a d'ailleurs formé un comité pour se pencher sur le problème du manque d'uniformité dans la rédaction des procès-verbaux entre les deux instances les plus importantes de l'Université de Moncton, à des fins justement de plus grande transparence.

M. Richard ne dit pas non plus que le Conseil des gouverneurs a voté le 8 juin dernier une résolution demandant que les membres du Conseil signent dorénavant un formulaire de confidentialité, ce qui représente précisémentle contraire de la transparence, et contribue encore plus à la culture du secret que dénonce à juste titre la FÉÉCUM.

Pour mesurer l’écart qui sépare l'Université de Moncton de la vraie transparence, il suffit d’évoquer l’exemple du Bureau des gouverneurs de l’Université d’Ottawa, dont les réunions sont ouvertes au public et filmées, les vidéos étant ensuite disponibles dans leur intégralité sur internet…

On doit se demander en effet pourquoi on voudrait imposer la confidentialité à des individus qui œuvrent pour une institution publique, financées par les impôts des citoyens et les frais de scolarité des étudiants? Qu’a-t-on à craindre? Que peut-il se dire en ces murs qui ne devrait pas être connu du public? L’Université n’étant ni une entreprise privée ni un club, quels secrets auraient-elles à protéger?

M. Richard évoque un autre exemple de «transparence», celui des modifications qui ont été faites le 18 mars dernier à la Politique de sélection des cadres. Il ne dit pas que cette politique a dû être adoptée à toute vitesse par le Sénat académique le 7 mars dernier, et qu’une des principales modifications concerne l’imposition de la confidentialité aux membres de comités de sélection, prétextant qu’il s’agit de questions de ressources humaines et de questions de «bonne gouvernance». Nous sommes d’avis que cette demande de plus de confidentialité s’inscrit plutôt dans une démarche de musèlement que de transparence.

Enfin, M.Richard déclare fièrement que les deux derniers processus d'embauche se seraient «très bien déroulés» dans les deux cas. Nous devons ici réfuter M. Richard puisque, contrairement à la procédure habituelle et bien établie (et inscrite dans la convention collective), le comité de sélection n’a pas consulté l’ABPPUM pour le poste du Vice-rectorat à l'administration et aux ressources humaines.

Enfin, l’ABPPUM est tout à fait indignée de l’attaque du gouverneur Louis Léger contre le président de la FÉÉCUM sur sa page Facebook. M. Léger remet non seulement en question la crédibilité de Kevin Arseneau, mais il l’accuse en plus d’avoir «présidé» à la manifestation à «coups de poing» dans le couloir attenant au local où se tenait la réunion du Conseil des gouverneurs (local où siégeait en fait Kevin Arseneau avec les autres gouverneurs…). Commentant cet évènement, André Richard fait tout simplement «disparaitre» le problème, pourtant patent, en qualifiant «d’opinion» ces propos inacceptables, et ose dire dans la foulée que les gouverneurs ne sont pas «muselés»… (pourquoi alors les contraindre à la confidentialité concernant les affaires de l’Université?). Disant cela, il réduit la question à une affaire de liberté individuelle, alors qu’il s’agit d’une question de principe et de moralité : à titre de gouverneur, M. Léger est tenu à un devoir de réserve dans ses expressions publiques, qui afortiori concernent les autres membres du Conseil des gouverneurs et les affaires de l’Université. En acceptant une fonction publique, tout individu accepte de renoncer à sa pleine liberté d’expression.

L’ABPPUM se joint maintenant à la FÉÉCUM pour demander au recteur Théberge de veiller à la restauration de l'image et de la réputation de notre Université, en commençant par la création d’un poste d'ombudsman. Nous l’invitons également à envisager une réforme du Conseil des gouverneurs, afin que l’Université de Moncton atteigne enfin la maturité institutionnelle que commande l’anniversaire de ses 50 années d’existence, et dont elle a plus que jamais besoin pour affronter l’avenir.

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