par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
On aime bien faire valoir le point que l’éducation supérieure, c’est plus que la facture et le salaire qui viennent au bout, mais parfois, les circonstances rendent cela plutôt difficile.
En effet, le Conseil des gouverneurs (CGV) de l’UdeM s’apprête à voter samedi prochain, 13 avril, l’adoption du budget proposé par l’institution. En principe, cet exercice n’est qu’une formalité, étant donné qu’il est généralement accepté que l’Université possède les ressources et l’expertise pour distribuer judicieusement les fonds qui lui sont impartis, et que nul n’est en meilleure position pour savoir la situation et les besoins réels de l’institution que l’institution elle-même.
Vous avez déjà entendu l’expression « rubber stamper » ? Ben, ça.
Traditionnellement, les étudiants des trois campus (qui occupent 3 des 27 sièges au CGV), et les professeurs (CGV) s’opposent à l’adoption du budget. Selon les circonstances, les profs, qui sont, qu’on le veuille ou non, des employés de l’Université, peuvent voter son adoption, mais plus souvent qu’autrement, ils se rangeront aux côtés des étudiants en guise de protestation. Protestation, parce qu’ils – comme nous – jugent que les fonds pourraient être mieux investis afin de garantir une éducation de première qualité.
Reste que, sans être mathématiciens, vous réaliserez qu’on est loin de pouvoir bloquer l’adoption du budget. Mais bon, on ne peut qu’espérer que les gouverneurs qui sont membres de la communauté voteront suivant leurs expertises et leurs consciences, pour lesquelles ils sont nommés à ce poste.
Et puis, toujours sans être disciple d’Archimède, on sait que les universités publiques du N-B sont soumises aux dispositions budgétaires du gouvernement provincial à leur égard. Et cette année, les nouvelles ont été plutôt sombres : aucune augmentation du financement aux institutions, et un plafond d’augmentation de 150$ pour les droits de scolarité.
La FÉÉCUM, bien entendu, s’oppose à toute hausse. Et le gouvernement, même en limitant cette hausse, l’encourage. On ne peut pas, en bonne conscience, laisser les universités aller chercher l’argent qui manque là où bon leur semble ; dans ce cas, dans les poches des étudiants.
Et parlons-en de vos poches, messieurs dames de la communauté étudiante :
Le Front du mercredi 10 avril (Le Front) nous révèle une partie du budget qui doit être soumis à l’approbation du CGV samedi prochain. En regardant les deux premières lignes présentées en tête de page, on constate que l’UdeM compte bel et bien demander la hausse maximale permise par le gouvernement provincial, soit une hausse de 150$, ou 2,8%, pour les étudiants canadiens.
C’est déjà pas beau. Évidemment, dans les circonstances, y’a pas de quoi être surpris, mais bon, en plus, y’a une deuxième ligne...
Cette dernière nous informe d’une autre hausse, cette fois aux droits de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux (soit dit en passant, le gouvernement ne réglemente d’aucune manière les hausses apportées à ces sommes), une hausse de – agrippe ben ta chapka mon Petrouchka – 1 000$.
! )))$ !!! (Je le réécris en majuscules grasses, pour marquer mon indignation).
On parle d’une augmentation de 11,1% en une seule année. Le saut est majeur et significatif pour des étudiants qui doivent déjà défrayer près du double des étudiants canadiens pour leurs études ici. La raison, je vous la donne, c’est qu’une partie des droits de scolarité des étudiants canadiens est financée par le gouvernement fédéral ; rien de tel pour les étudiants internationaux qui paient la totalité de la somme associée à leurs études.
C’est 11,1% cette année, qu’est-ce que ce sera l’année prochaine ? L’année d’après ? L’UdeM prévoit que la clientèle internationale formera d’ici 2020 plus de 30% sa masse étudiante ; or comment prévoit-on continuer d’attirer ces étudiantes et ces étudiants ici, à grands coups d’augmentations faramineuses et imprévisibles ? L’étudiante ou l’étudiant qui a choisi l’UdeM l’an dernier, et qui se voit imposer cette hausse, ne devrait pas penser à s’en aller ailleurs, peut-être ? Voire même être obligé.e d'abandonner par souci financier? Il ou elle va recommander l’UdeM à ses copains, vous pensez ? Et leurs parents, quel genre de promoteurs vous pensez qu’ils vont être ? Pas convaincu qu’ils feront copain-copain avec les recruteurs de l’UdeM, moi ! Si l’avenir de l’institution, c’est-à-dire le maintien d’une masse critique, passe inévitablement par le recrutement international, est-ce que l’UdeM agit véritablement de manière responsable et éclairée ici ? Et que dire de la question de l’équité ?!
Et je vous lance la question, si même les Conservateurs sont capables de tenir des consultations prébudgétaires publiques (au sens d’ouvertes à tous), l’Université de Moncton ne doit-elle pas elle aussi faire preuve de transparence, avant de surprendre tout le monde avec des augmentations massives et impulsives partout où le gouvernement ne lui imposera pas de restrictions ?
Vous, les étudiants (et de plus en plus les étudiants internationaux) ÊTES l’Université de Moncton. Faites-vous entendre ce samedi lors de la manifestation contre l’adoption du budget.
Non mais !
1 commentaire:
J'apporte une précision: les profs ont eux aussi 3 sièges au CGV.... ma parenthèse était incomplète à ce sujet!
Donc, étudiants et profs occupent 6/27 sièges au CGV.
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