Dans un
document lancé aujourd’hui, la Fédération des étudiants et étudiantes du Centre universitaire de Moncton (FÉÉCUM) se penche sur le plan d’action pour l’éducation postsecondaire du gouvernement du Nouveau-Brunswick publié en juin dernier, et n’y trouve pas pour son compte. La réponse officielle de la Fédération contient à l’appui de nouvelles données troublantes sur l’état de l’éducation postsecondaire dans la province.
La FÉÉCUM rappelle que le gouvernement du N.-B. n’a fait que proposer le statu quo pour régler, ou en effet, ignorer, les problèmes spécifiques aux étudiants, dont l’endettement, pourtant identifié comme un problème de premier ordre. D’après de nouvelles données du Ministère de l’Éducation postsecondaire, la dette moyenne à la dernière année du baccalauréat est de 34 277 $, soit 2000 $ de plus qu’en 2006.
Le document de la FÉÉCUM s’attaque plus particulièrement aux mesures prônées par le plan d’action du gouvernement. La bourse de 2000$ universellement donnée à tous les étudiants de première année pour encourager les nouvelles admissions, par exemple, est pour la Fédération, un gaspillage de 6 millions $. « Le gouvernement ne comprend pas du tout les enjeux s’il croit que les inscriptions sont à la baisse, » explique Tina Robichaud, présidente de la FÉÉCUM. « C’est plutôt la rétention qui est difficile. » Pour appuyer son commentaire, elle pointe du doigt les données de l’Association des universités de l’Atlantique insérées dans le document de la Fédération qui révèlent que le taux d’inscription à la première année a effectivement monté depuis 2006, le taux d’inscription aux années subséquentes a substantiellement chuté. « Les étudiants sont en mesure de commencer des études, mais plus rarement de les terminer, parce que le support financier n’existe plus après la première année, » explique Mme Robichaud. Elle condamne également l’inefficacité de la première tranche de ce 6 millions $ distribué en 2006 immédiatement après l’élection provinciale alors que les étudiants étaient non seulement inscrits, mais déjà au milieu de leur année académique. « Cela n’aura eu aucun effet sur les inscriptions, alors pourquoi? » demande-t-elle.
Le gel des droits de scolarité instauré cette année est également dans la mire du document, mesure qui coûte un autre 6 millions $ au gouvernement, mais que la FÉÉCUM ne voit pas comme une solution adéquate aux problèmes financiers des étudiants. « Soyons clairs, » soutient Mme Robichaud. « Si les droits de scolarité étaient trop élevés l’an dernier, ils le sont encore cette année. »
Finalement, la FÉÉCUM condamne aussi le rabais sur les droits de scolarité, sous forme de crédit d’impôt, un programme qui coûtera à la province plus de 60 millions $ annuellement d’ici quelques années. Les chiffres parlent par eux-mêmes : En 2007-2008, le crédit d’impôt moyen était de 1039,48$, auquel rythme il faudra 10 ans pour obtenir le plein 10 000$ auxquels les étudiants ont droit. Sur ce même 10 ans, l’intérêt accumulé sur la dette moyenne sera de 25 332 $. « La seule façon de profiter pleinement de ce programme est de payer sa dette rapidement, » explique Mme Robichaud, « ce qui nécessite également un salaire plus élevé que celui du diplômé moyen. »
La FÉÉCUM s’oppose d’ailleurs à toutes ces mesures dites « universelles » qui aident tous les étudiants, qu’ils en aient besoin ou non, plutôt que des mesures ciblés qui ciblent ceux qui en ont réellement le plus besoin.
Une récente étude de l’Education Policy Institute démontre qu’une année universitaire au Nouveau-Brunswick ne coûterait en moyenne que 798$ si l’ensemble des bourses, crédits et déductions d’impôt provinciaux et fédéraux présentement distribués étaient appliqués directement aux droits de scolarité. Pour la présidente de la FÉÉCUM, le chemin à suivre est clair : « Il faut réaffecter l’argent mal utilisé vers des programmes plus efficaces. »
La Fédération étudiante a déjà démontré qu’avec les mêmes fonds actuellement dédiés aux mesures universelles du gouvernement du N.-B. (ou même à meilleur marché), un plafond d’endettement pour les étudiants qui en ont le plus besoin pourrait être instauré. La FÉÉCUM croit que cette mesure, appuyée par la Commission sur l’éducation postsecondaire, les universités, professeurs et d’autres intervenants, reste la meilleure prochaine étape pour la province. Les associations étudiantes de la province planifient d’ailleurs une journée d’action le 13 novembre prochain pour faire entendre leur mécontentement à ce qu’elles appellent le « plan d’inaction » du gouvernement.
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