Hier après-midi se déroulait le Forum citoyen pour l'éducation au Nouveau-Brunswick, une réflexion qui rassemblait sur scène : Mathieu Lang, professeur d'Éduc; Louise Imbeault, ancienne directrice de Radio-Canada Atlantique et écrivaine d'un récent billet qui appui la gratuité scolaire; et Chloé et Alexandra Zawadzki-Turcotte, porte-paroles de la CLASSE (Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante), un des organismes étudiants à la base des grandes manifestations étudiantes qu'a vu le Québec cette année. Les panelistes ont peint un portrait d'un système d'éducation de plus en plus relié à l'économie - emphase sur la formation à l'emploi, coûts prohibitifs qui forcent les étudiants à délaisser les disciplines qui n'ont pas nécessairement d'emploi bien rémunéré à l'autre bout, création d'une classe économique qui peut se payer des études sans problème et d'une autre qui ne peut pas - et présenté en brève des solutions inspirées des systèmes scandinave, français, et de façon peut-être moins informée, chinois. D'une façon ou d'une autre, l'éducation reste un choix de société, l'affaire de tout le monde.
Le message de la CLASSE était, à la base, que c'est POSSIBLE d'engager la population à l'enjeu, mais qu'il y a un travail à faire pour se rendre à cet idéal. Ses représentantes ont parlé des deux ans d'effort continue pour sensibiliser les étudiants de leur province aux enjeux, tout en conduisant pétitions, manifestations et efforts de lobbying auprès du gouvernement avant que la goute ne fasse déborder le vase (i.e. un budget provincial qui aurait fait monter leurs droits de scolarité de 75% en 5 ans). Le mouvement étudiant au Nouveau-Brunswick, doté d'une fraction de la population étudiante du Québec (soit 16 000 versus 300 000, ce que la CLASSE crédite au fait que plus de jeunes peuvent se payer une éducation postsecondaire grâce aux droits de scolarité élevés, ainsi qu'à la cohorte importante d'étudiants des Cégeps), en est encore à l'étape « pré-débordement » et bénéficie d'un accès direct aux fonctionnaires et élus de la province qui semble avoir été nié aux étudiants du Québec. Les sous-ministres, ministres et même le Premier Ministre nous accordent régulièrement audience et nous encouragent à proposer des solutions. À nous de s'assurer que ce n'est jamais utilisé comme tactique de délai. Nous devons être plus qu'entendus, nous devons être écoutés et traités comme des experts dans notre domaine.
Toutefois, ce qui est le plus ressorti de la réflexion publique est que les étudiants ne peuvent être seuls dans cette lutte. Surtout au Nouveau-Brunswick, on ne peut guerre parler d'un pouvoir démographique entre les mains de la jeunesse. Un des travails ardus de la Fédération dans les dernières années est, en fait, la sensibilisation du RESTE de la population du N.-B. Ce n'est pas assez que les étudiants (pour ne pas dire les jeunes) revendiquent pour une meilleure et plus accessible éducation. Il faut que les plus grands bassins d'électeurs s'y engagent. Ça nous prend les entrepreneurs, les personnes âgées, les ouvriers, les fermiers, les pêcheurs, les médecins, les mécaniciens, les artistes, les parents, les grands-parents, les Anglophones comme les Francophones, les penseurs comme les faiseurs. Ça nous prend tout le monde. Lueur d'espoir à ce niveau-là si on se fie aux nombreux non-étudiants qui se sont présentés au micro pour donner leur appui non seulement à une plus grande accessibilité aux études supérieures, mais à la gratuité de celles-ci. Bien qu'on a souvent glissé dans l'académique, la sémantique, etc. (vous savez, le moment ou quelqu'un utilise le mot « dichotomie »), plus important a été le temps accordé à des solutions ou prochaines étapes CONCRÈTES. On a appelé à des États Généraux sur la question, pour rassembler tous les secteurs de la province et y démontrer l'importance de telles mesures. On a aussi parlé de volontairement accepter une hausse des taxes pour les financer (1% de TPS au NB représenterait 110 millions $ de plus au budget, sans parler des réductions dans les impôts des dernières années qui représentent un autre 550 millions $ qui aurait pu aller à un tel projet de société). Ce qui reste important, c'est que la discussion ne se termine pas là et se poursuit à l'intérieur et (surtout) à l'extérieur du campus.
La FÉÉCUM souhaite remercier les instigateurs et organisateurs de ce Forum, en particulier Kevin Arseneau, membre élu du conseil d'Éduc, Sylvain Bérubé, ancien vice-président exécutif de la FÉÉCUM, et leur équipe, pour avoir initier ce qui nous l'espérons ne sera qu'un premier pas d'un mouvement pour l'éducation postsecondaire qui dépasse les gonds du proprement « étudiant » et qui embarque le reste de la société acadienne (ou idéalement, néo-brunswickoise) dans une même démarche engagée.
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