par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Affaires Universitaires (AU) présente ce mois-ci un article arguant que le processus de sélection des cadres de la haute-administration universitaire devrait être revu et corrigé. La principale faiblesse du processus actuel (qui inclut une entrevue non-structurée prenant la forme d’un exercice public, collégial) est de défavoriser les candidats qui n’auraient pas suffisamment d’appuis parmi le corps professoral. Je cite : «il (est) extrêmement difficile pour (ces) candidats (…) d’accéder à un poste de direction, même s’ils dét(iennent) toutes les compétences requises». Ainsi, les administrations universitaires seraient privées de candidats souvent plus compétents que ceux qui obtiennent le poste au terme du processus.
L’Université York a adopté en 2005 une pratique entièrement confidentielle d’embauche de ses cadres et, nous dit-on, ne s’en porte que mieux. En fait, il semble que York «a attiré des doyens et des hauts dirigeants d’autres établissements qui n’auraient pas osé participer à un processus public» grâce à sa nouvelle politique.
Le processus actuellement en place dans la majorité des universités, qui «accorde un poids excessif à des évaluations subjectives fondées sur peu de données probantes», serait donc à pointer du doigt.
Après tout, si la personne embauchée est à la fois compétente et motivée, le temps devrait lui permettre d’acquérir l’appui général du corps professoral, chose indispensable pour diriger efficacement.
La recherche menée dans le domaine confirme ces théories, et précise que dans les processus d’embauche axés sur des entrevues personnelles, non-structurées, «les intervieweurs se laissent trop porter par leurs intuitions, ils donnent trop d’importance à leurs impressions personnelles et trop peu à d’autres sources d’information, ce qui diminue la validité du processus».
La «parade» qui est imposée aux candidats aux postes d’administration de l’UdeM dissuade, effectivement, certains candidats potentiels. Certains, en raison de leur emploi actuel, ne peuvent se libérer pour partir en tournée promotionnelle. Sans mentionner que cela peut sembler risqué de se lancer dans un processus d’embauche public quand rien n’est garanti, et que son emploi est menacé…
Donc, qui est candidat aux postes de la haute administration ? Des professeurs, des directeurs d’école/département, des doyens de faculté. Bref, des gens du milieu universitaire. Ou, à l’occasion, des administrateurs à la retraite, ou entre deux emplois. Les meilleurs candidats pour l’emploi occupent le plus souvent déjà un poste semblable soit dans une autre institution ou dans le secteur privé.
Mais avant de pouvoir changer quoi que ce soit au processus d’embauche des administrateurs de l’UdeM, faudra d’abord convaincre l’association des professeurs. Et ça, c’est pas gagné !
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