par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Le candidat au leadership Libéral fédéral (et premier astronaute canadien), Marc Garneau, a annoncé via le site web de sa campagne (http://marcgarneau.ca/fr/) qu’une refonte du Programme canadien de prêts aux étudiants (PCPE) fera partie de ses projets, s’il est élu à la chefferie du Parti Libéral.
La raison en est bien simple : en face d’une hausse du coût des études, et du coût de la vie en général, de pair avec un marché de l’emploi, au mieux, stagnant, les perspectives d’emploi bien rémunéré pour les nouveaux diplômés canadiens sont incertaines. Le taux de chômage chez les jeunes canadiens (15-24 ans) est aujourd’hui deux fois celui du reste de la population active. Or Garneau à l’intention de faciliter la tâche aux nouveaux diplômés canadiens confrontés à un avenir de moins en moins rassurant. Il analyse la situation des étudiants (MarcGarneau.ca) et y propose des pistes de solution.
Son plan, le voici : il a l’intention d’abolir la «période de grâce» de six mois qui suit la fin des études, pendant laquelle le début des versements sur la dette étudiante sont retardés, pour la remplacer par une «période de remboursement indéfinie», ce qui permettrait aux diplômés d’avoir trouvé un emploi et atteint un certain salaire avant que l’on puisse exiger d’eux le remboursement de leur dette étudiante.
M. Garneau situe le salaire minimal acceptable aux environs de 40 000$. Passé ce stade, les étudiants sont jugés aptes à s’acquitter du remboursement de leur dette sans que cela devienne un fardeau insoutenable.
En principe, c’est du beau bonbon pour les jeunes – et futurs – Libéraux du Canada. Et, il faut bien l’avouer, l’idée n’est pas mauvaise…
Sauf que ce que M. Garneau ne précise pas dans son annonce, ce sont les modalités de financement qui accompagneraient ces modifications substantielles au PCPE. Il admet que puisque l’éducation est de compétence provinciale, les provinces auront le choix d’y souscrire ou non. Inutile de vous dire les chances qu’auraient ces modifications dans toute juridiction conservatrice, parce que les modifications ne peuvent s’accomplir qu’au prix de certains investissements/réinvestissements.
Par contre, Garneau semble dire que, même si les provinces choisissent de ne pas obtempérer, la part fédérale du prêt serait quand même sujette aux changements qu’il propose. En fait il a dit que le financement aux provinces ne serait pas affecté, je lis entre les lignes, ici. Si j’ai raison, c’est dire qu’au pire, ce serait 40% de votre dette qui serait à payer 6 mois après votre graduation et que le 60% restant ne serait à rembourser qu’une fois atteint le seuil de salaire de +/- 40 000$ suggéré par le candidat au leadership libéral.
Et, en vérité, son plan ne s’adresse qu’à la question des modalités de remboursement des prêts, pas aux montants d’aide financière qui sont disponibles ou au problème de dette astronomique qui plane au-dessus des têtes des étudiants canadiens depuis quelques années. On est en droit de se demander, par exemple, quel sera l’impact d’un délai sur le montant d’intérêt accumulé sur la dette au moment où devront effectivement être effectués les premiers versements. Est-ce que le gouvernement fédéral couvrira indéfiniment le coût de ces intérêts ? Parce que la CIBC ne prête certainement aux étudiants – ou au gouvernement – par pure générosité. Mauvais pour les affaires…
En clair, y’a du bon là-dedans, mais y’a encore beaucoup de détails qui manquent. Ça me semble, personnellement, beaucoup plus une mesure populaire, une «patente à votes» pour les jeunes, qu’un programme réalisable. Ça reste à voir !
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